À la mort du dernier de ses frères, en 558, Clotaire réunit leurs parts à ses possessions et devient ainsi, pendant trois ans, seul roi des Francs.
Il combat Chramne, son fils révolté. L’ayant rejoint en Bretagne où il a trouvé refuge, il le fait brûler avec sa femme et ses enfants (560). Dégoûtée par tant de violence, Radegonde, sa cinquième épouse, fille d’un roi thuringien prise à la guerre, embrasse la vie religieuse et fonde un monastère à Poitiers. Quant à Clotaire, peu après l’expédition punitive contre Chramne, il meurt à Compiègne.
Momentanément réunifié (558-561), le royaume franc est, à sa mort, à nouveau partag é entre ses fils.
CLOTAIRE II
584 - 629
Roi des Francs de Neustrie (584-613) puis de l’ensemble du royaume franc (613-629)
Le « bourreau de Brunehaut » s’impose grâce à l’appui d’un clan issu de l’union de deux familles aristocratiques franques d’Austrasie. Ce clan, nommé les « Pipinnides », n’est autre que le fondateur de la dynastie des Carolingiens.
CLOTAIRE II est le petit-fils de Clotaire I
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et le fils de Chilpéric I
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, roi de Neustrie. Ce dernier avait épousé la sœur de Brunehaut, reine d’Austrasie, avant de l’assassiner à l’instigation de sa concubine, Frédégonde. Or, Clotaire II est justement le fils de Chilpéric I
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et de Frédégonde. Brunehaut, voulant venger sa sœur, entraîne les deux royaumes (Neustrie et Austrasie) dans un conflit long d’un demi-siècle.
Clotaire II n’a que quelques mois lorsque son père est assassiné, aussi sa mère exerce-t-elle la régence jusqu’en 597. Elle défend le royaume contre Childebert II, roi d’Austrasie. À la mort de ce dernier, en 595, Brunehaut devient régente de toute la Gaule de l’Est et du Sud-Est au nom de ses deux petits-fils. Mais son autorité est minée autant par leur rivalité que par un parti de seigneurs austrasiens dévoués à Clotaire II. Les chefs de ce parti, Pépin de Landen et l’évêque Arnoul de Metz, appellent Clotaire en Austrasie. Brunehaut lui est livrée. Il la fait traîner à mort, attachée par les cheveux à la queue d’un cheval. Ayant conquis l’Austrasie, Clotaire II devient roi de tous les Francs.
Installé au palais de Clichy, entouré de conseillers probes et zélés, il se signale par une constitution perpétuelle, délib érée en 615 par soixante-dix-neuf évêques réunis à Paris avec les leudes des trois royaumes. Cette constitution a surtout pour résultat de favoriser l’ambition des leudes, dont les bénéfices deviennent de plus en plus souvent irrévocables.
Mort en 629, il est inhumé à Saint-Germain-des-Prés.
DAGOBERT I
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610 - Saint-Denis, 639
Roi d’Austrasie (623-632), roi de Neustrie et de Bourgogne (629-632) puis roi des Francs (632-639)
Son règne fut bref (à peine dix ans), sa vie fut courte (vingt-neuf ans) et son œuvre ne fut pas durable, et pourtant il est l’un des plus célèbres rois. Rare Mérovingien à accéder au trône à l’âge d’homme, il règne pleinement et reconstitue l’unité du royaume franc.
À DIX ANS, Clotaire II, son père, le nomme roi d’Austrasie pour satisfaire le particularisme de l’aristocratie austrasienne, que dominent le maire du palais, Pépin de Landen, et l’évêque de Metz, Arnoul.
À la mort de son père (629), Dagobert est reconnu roi de Neustrie mais sans l’Aquitaine, qu’il annexe à la mort de son frère Caribert, en 632. Il soumet, à l’ouest, les Bretons, au sud, les Vascons ou Basques. Au-delà du Rhin, il rend tributaires les Thuringiens, les Alamans, les Bavarois, et fait la guerre contre les Vénètes, établis dans la vallée du Danube. Il conclut un traité de paix avec l’empereur byzantin Héraclius (631).
Devenu ainsi roi des Francs, il défend les frontières menac ées. Il séjourne souvent dans la ville de Clichy, aux environs de Paris, affichant un luxe digne d’un empereur romain. Il parcourt aussi les provinces en rendant la justice et se fait craindre des leudes. Il doit, à son tour, composer avec les exigences de l’aristocratie austrasienne et lui donne pour roi son fils Sigebert, alors en bas âge (634). Afin d’éviter que Sigebert ne s’approprie un jour la totalité du royaume, il attribue, de son vivant, à son troisième fils Clovis II, la Bourgogne et la Neustrie.
Contrairement à ce que semble laisser supposer la chanson du « Bon roi Dagobert », le roi n’est pas un benêt. Pendant les dix années de son règne, Dagobert jouit d’un pouvoir absolu. Il s’entoure d’habiles conseillers, les futurs saint Éloi et saint Ouen, respectivement évêque de Rouen et orfèvre.
La mauvaise réputation que vaut cette chanson au roi provient de sa date de création, pas très ancienne bien qu’antérieure à 1789, et de ses modifications: remise à la mode en 1814, au retour de la royauté, elle fut ponctuée de couplets satiriques d’actualité. Dagobert fait partie de cette nouvelle génération de Mérovingiens plus à l’aise dans les conseils que sur les champs de bataille.
Grand mangeur et buveur, grand amoureux, il était déjà pénalisé par une santé difficile à l’approche de la trentaine. En 636, ayant frôlé la mort, il convoque les principaux dignitaires du
Regnum
et ses deux fils, et leur adresse un discours : « Examinant donc ma conscience et les péchés de mon cœur, méditant sur les comptes que je devais rendre au souverain Roi, j’ai craint son jugement… » Il multiplie les donations aux monastères, confie l’éducation de Clovis à Éloi et rappelle le partage de son royaume : à Sigebert l’Austrasie, l’Aquitaine et la Provence ; à Clovis la Neustrie avec le duché du Dentelin et la Bourgogne. Deux ans plus tard, à l’approche de la mort, il se fait transporter à l’abbaye de Saint-Denis, dont il est le fondateur, demandant à y être enterré. Il charge le duc Éga d’être le régent du royaume, avec l’accord de la reine Nanthilde, puis meurt le 19 janvier 639. Après sa mort, la dynastie mérovingienne ne cesse de décliner sous les rois enfants, dits rois « fainéants », qui laissent le pouvoir aux factions et aux maires du palais.
Les rois fainéants
Ces rois, pour la plupart des enfants, n’atteignirent pas même l’âge d’homme. Leur rôle se limitait à porter le nom de roi, avoir les cheveux longs (signe distinctif de la royauté) et s’asseoir sur le trône. Ils représentaient l’image du monarque. Ils donnaient audience aux envoyés des différents peuples et leur faisaient réponse selon ce que leur dictaient les vrais maîtres du royaume : les maires du palais ou les comtes. Relégués dans une villa ou une métairie perdue au milieu des bois, ils tenaient une modeste cour, se déplaçant sur des chariots traînés par des bœufs à la manière des paysans et consacrant l’essentiel de leur temps aux plaisirs et à la chasse.
CLOVIS II
v. 635 - 657
Roi des Francs (656-657)
FILS DE DAGOBERT I
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, il lui succède en 639 à la tête de la Neustrie et de la Bourgogne, sous la tutelle de sa mère Nanthilde et des maires du palais, Éga puis Erchinoald.
Lorsque son frère, Sigebert III, roi d’Austrasie, meurt, la succession est tumultueuse. Le mariage de Sigebert étant longtemps stérile, Grimoald, le maire du palais, a rêvé que son fils hérite du trône. Or, quelques années plus tard, Sigebert et la reine donnent naissance à un fils : Dagobert. À la mort de Sigebert, Grimoald s’arrange donc pour imposer son fils Childebert, dit « l’Adopté », contre Dagobert, éloigné en Angleterre. Mais la supercherie est rapidement dévoilée. Clovis II profite de la situation. Il saisit l’opportunit é offerte pour se proclamer roi du
Regnum Francorum
au nom de la loi de succession naturelle, tant que les partisans de Childebert l’Adopté continuent de le reconnaître comme souverain. En 651, il épouse la future sainte Bathilde, celle-l à même qui, veuve de son royal époux, fait mettre à mort le patriarche de Lyon en 658, un sacrilège qui, a-t-on dit, va valoir aux femmes d’être interdites de tout exercice politique pendant des siècles.
Roi peu aimé, réputé pour certains actes de folie, Clovis nomme maire du palais, juste avant de mourir, l’un des personnages les plus odieux du royaume : le comte Ébroïn.
CHILDÉRIC II
v. 653 - 675
Roi des Francs (673-675)
PETIT-FILS du grand Dagobert. Deuxième fils de Clovis II et de sainte Bathilde (une Saxonne de Grande-Bretagne), il devient roi d’Austrasie (662-675) à la disparition du roi Childebert l’Adopté (exilé, empoisonné ou mort naturellement) et du père de ce dernier, le maire du palais Grimoald.
La mort de Clotaire III (673), roi de Neustrie et de Bourgogne, lui donne l’opportunit é de devenir roi des Francs. Dès l’annonce du décès, en effet, afin d’éviter toute vacance du trône, Ébroïn, le maire du palais, a proclamé roi Thierry III, provoquant un soulèvement général. Non que Thierry soit un candidat illégitime, mais Ébroïn a agi sans prendre l’avis d’un conseil de régence. L’assembl ée des Grands se réunit dans le tumulte et proclame Childéric roi du
Regnum Francorum
. Ébroïn est emmené sans ménagement au monast ère de Luxeuil. Thierry, captur é également, est amené devant son frère :
— Quel traitement désires-tu?
— Je veux qu’on me traite en roi. Je suis injustement dépossédé de mon trône, et j’en appelle au jugement de Dieu…
Pour toute réponse, Childéric relègue Thierry à l’abbaye de Saint-Denis.
Pendant deux ans, le royaume des Francs est réunifi é, Childéric acceptant de « donner aux trois royaumes les coutumes de chaque patrie ». Il conforte l’unité du royaume en épousant Blichilde, fille de Sigebert III et sœur de Dagobert, le prince légitime exilé en Angleterre. L’évêque Léger (futur saint Léger), dont l’influence était considérable, s’oppose violemment au mariage, tandis que le maire du palais Wolfoald le soutient. Childéric, passant outre à l’interdit de l’évêque, l’assigne bientôt, à son tour, à l’abbaye de Luxeuil (10 avril 673), se privant ainsi d’un sage conseiller.
Il fait bâtir le monastère de Saint-Dié et les abbayes Saint-Grégoire de Munster et de Fontenelle. Mais, prince débauché, emporté et cruel, il se montre de plus en plus tyrannique. Son attitude éveille des rancœurs et il est assassiné au cours d’une chasse dans la forêt de Lognes, en même temps que la reine et son fils aîné, Dagobert.
Il est inhumé à Saint-Germain-des-Pr és.
THIERRY III
v. 654 - 691
Roi des Francs (679-691)
PETIT-FILS du grand Dagobert. Troisième et dernier fils de Clovis II et de sainte Bathilde (une Saxonne de Grande-Bretagne), Thierry III aurait dû devenir roi de Neustrie et de Bourgogne à la mort de son frère Clotaire III, mais l’ambition de Childéric II le prive de son domaine.
Lorsque Clotaire III meurt, en 673, le maire du palais, Ébroïn, pour éviter toute vacance du trône, proclame Thierry roi, sans prendre l’avis d’un conseil de régence. Le cadet n’a, en effet, encore reçu aucune part de l’héritage paternel. En réaction, l’assemblée des Grands proclame Childéric II roi du
Regnum Francorum
et destitue Thierry. Ébroïn est exilé à Luxeuil. Tonsuré de force, Thierry se retrouve relégu é à l’abbaye de Saint-Denis et placé sous la garde de l’abbé Chardéric, futur évêque de Beauvais.
À la mort de Childéric II, assassiné en 675, l’évêque d’Autun, Léger (futur saint Léger), tout juste libéré, vient, accompagné des leudes de Neustrie et d’Austrasie, tirer Thierry de sa prison abbatiale. À l’âge de vingt ans, Thierry retrouve donc le trône. Malheureusement pour le jeune roi, Ébroïn a, lui aussi, recouvr é la liberté. Il suscite un usurpateur, un certain Clovis, soi-disant fils de Clotaire III, s’empare du pouvoir, s’auto-proclame maire du palais et commence une répression sanglante, l’une des pires de la dynastie mérovingienne. À peine rétabli, Thierry est à nouveau renversé.
Le prétendu roi Clovis ayant disparu, seule la mort du roi d’Austrasie, Dagobert II, en 679, fait de Thierry le roi des Francs. Cependant, les Austrasiens, toujours rebelles à toute tutelle, choisissent pour les diriger non un roi, mais le maire du palais, Pépin de Herstal, et son frère, Martin. Une première bataille opposant Neustriens et Austrasiens à Lifou-le-Grand, près de Toul, tourne à l’avantage des premiers. Martin est tué. Pépin de Herstal prépare sa vengeance, favorisée par l’assassinat d’Ébroïn (681), qui affaiblit la Neustrie en 686. Il l’emporte à Tertry (près de Saint-Quentin) en 687. Pépin de Herstal devient le nouvel homme fort. Il laisse toutefois Thierry sur le trône. Le roi fantôme garde son titre et sa dignité jusqu’en 691, se contentant de se rendre aux conseils royaux dans un chariot attelé de bœufs. Les États francs, à nouveau réunis, passent sous la tutelle d’une famille qui s’est suffisamment illustrée pour détrôner les Mérovingiens.
Thierry est enterré auprès de son épouse, Clotilde (ou Rothilde), dans la basilique Saint-Vaast d’Arras, dont il est le fondateur.
CLOVIS IV
v. 682 - 695
Roi des Francs (691-695)
FILS AÎNÉ de Thierry III, il est désigné par le maire du palais et vrai souverain du royaume, Pépin de Herstal, pour monter sur le trône à la mort de son père. Pépin de Herstal fait ainsi réapparaître le droit d’aînesse. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, ce fantôme de roi règne nominalement pendant quatre ans avant de mourir à l’âge de treize ans.
CHILDEBERT III
v. 683 - 711
Roi des Francs (695-711)
DEUXIÈME FILS de Thierry III, il devient roi en 695, à la mort de son frère, Clovis IV. Placé sous l’étroite tutelle du maire du palais, Pépin de Herstal, il ne dispose d’aucun pouvoir réel. Plusieurs campagnes sont menées contre les Frisons et les Alamans sous son règne. Il meurt à l’âge de vingt-huit ans, après seize ans de règne, un record de longévité pour les rois fainéants.
DAGOBERT III
v. 699 - 715
(711-715)
FILS DE CHILDEBERT III, il devient roi en 711, à l’âge de douze ans. Le maire du palais, Pépin de Herstal, et véritable maître du royaume, l’a choisi de préf érence à son oncle, Clotaire, majeur, mais le jeune homme meurt à l’âge de seize ans.