Chronologie Des Rois De France (3 page)

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Authors: Pierre Vallaud

Tags: #Histoire

BOOK: Chronologie Des Rois De France
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Il est l’un des derniers Mérovingiens, rois sans pouvoir presque tous morts dans la fleur de l’âge. Aussi est-il clair aux yeux de tous les Francs que c’est la famille de Pépin qui est désormais considérée comme royale.

CHILPÉRIC II

v. 670 - 720

Roi des Francs (720)

 

FILS DE CHILDÉRIC II, il a survécu au massacre de ses parents, relégué dans un monastère sous le nom de Daniel. En 714 et 715 meurent tour à tour Pépin de Herstal, le maire du palais depuis quarante ans, et le roi Dagobert III, mérovingien sans pouvoir. Rainfroi, le successeur de Pépin, en profite pour tirer Chilpéric de son monastère et, une fois ses cheveux repoussés, il est proclam é roi en Neustrie (715). D’emblée, il doit affronter les Austrasiens et leur chef, le futur Charles Martel. Chilpéric l’emporte d’abord grâce à son alliance avec Radbod (Frison), mais Charles écrase les Neustriens dans la forêt des Ardennes (716). Devenu duc d’Austrasie, Charles cherche à faire la paix avec Chilpéric, qui se dérobe. Le 21 mars 717, une terrible bataille s’engage : l’armée neustrienne est anéantie, le roi se réfugie auprès d’Eudes d’Aquitaine avec les trésors royaux, et Charles entre triomphalement dans Paris. Il proclame roi Clotaire IV. Chilp éric II, ayant manqué la couronne, ne désarme pas pour autant et, allié au duc d’Aquitaine, continue à harceler Charles. Mais ce dernier écrase aussi bien les Aquitains que les Neustriens. C’est alors que Clotaire IV, roi fantôme, meurt. La victoire le rendant maître de tout le
Regnum Francorum
, Charles décide par vengeance de se faire livrer Chilpéric par Eudes. Puis, par calcul ou magnanimité, il le proclame roi des Francs vers 720. Souverain dénué de tout pouvoir, Chilpéric s’exile dans sa villa d’Attigny, au bord de l’Aisne, où il meurt, oublié, à la fin de 720.

THIERRY IV

v. 713 - 737

Roi des Francs (721-737)

 

FILS DE DAGOBERT III, il monte sur le trône en 721, mais sous l’étroite tutelle du tout-puissant maire du palais, Charles Martel. Celui-ci multiplie les campagnes contre les Frisons et les Saxons, soumet la Thuringe et la Bavière, et arrête les Arabes à Poitiers (732). Thierry IV meurt dans sa
villa
de Chelles. À sa mort, Charles Martel donne une preuve éclatante de sa puissance en laissant le trône vacant et gouverne ainsi jusqu’en 741.

CHILDÉRIC III

? - 755

Roi des Francs (743-752)

 

FILS DE CHILPÉRIC II, proclamé roi en 743, après une vacance du trône organisée par Charles Martel, puis par les fils et successeurs de Charles Martel, Pépin le Bref et Carloman. Il doit sa nomination à une révolte que Pépin et Carloman espèrent ainsi calmer.

Après le retrait, en 747, de son frère Carloman, qui se fait moine, Pépin le Bref devient maire du palais de Neustrie, de Bourgogne et d’Austrasie. Fort de sa puissance, il peut se passer de roi. Soutenu par le pape Zacharie, Pépin le Bref convoque une assemblée à Soissons en 752 et dépose devant elle Childéric III. On lui coupe sa longue chevelure, signe distinctif des rois francs, puis il est relégué dans l’abbaye de Saint-Bertin, à Saint-Omer. Il y meurt quelques années plus tard, dernier des rois mérovingiens, aussi obscur et impuissant que ses prédécesseurs. Pour mettre fin à la dynastie, son fils Thierry est emprisonné à l’abbaye de Fontenelle.

LES PIPPINIDES

Chef de l’aristocratie austrasienne, Pépin de Landen se nomme ainsi en référence à son domaine familial de Landen, dans l’actuelle Belgique. Il possède d’importantes propriétés dans le Brabant, la Hesbaye et le Namurois. Il est l’époux d’une femme réputée pour sa vertu, Itta, originaire d’Aquitaine, sœur de Modoald, évêque de Trêves et également propriétaire de grands biens. Pépin et Itta éduquent leurs enfants dans la rigueur : Gertrude, future abbesse de Nivelles, Beggha qui épouse Anségisel, fils du duc de Metz, Arnoul (dont descendent les Carolingiens), et Grimoald. Gertrude et Beggha seront canonisées. C’est le roi mérovingien Clotaire II qui choisit de prendre le maire du palais d’Austrasie dans cette famille riche. Il nomme Pépin successeur de Radon, maire du palais. Celui-ci commence à exercer son pouvoir sous le jeune Dagobert, installé à Metz. Il s’impose rapidement et rend sa fonction héréditaire. Les descendants de Beggha constituent la branche principale des Pipinnides. Par son mariage avec Plectrude, riche propriétaire dans la région de Cologne et de Trèves, le fils de Beggha, Pépin de Herstal, enracine la fortune familiale et peut s’appuyer sur l’aristocratie installée dans le duché des Ripuaires et en Austrasie. Parmi ses descendants également nommés maires du palais s’illustrent alors Charles Martel, qui assoit la puissance de la famille par ses grandes victoires, et enfin Pépin le Bref, qui fonde la dynastie carolingienne.

Les Pippinides

CHARLES MARTEL

v. 688 – Quierzy-sur-Oise, 741

 

Maire du palais d’Austrasie (716), de Neustrie (719), il impose son autorité aux rois mérovingiens et devient le véritable maître du royaume des Francs (737-741). Son surnom de « Martel » (marteau) lui vient de l’énergie qu’il déploie pour imposer sa politique.

 

FILS ILLÉGITIME de Pépin de Herstal et d’une femme nommée Alpaïde, il doit d’abord s’imposer à la mort de son père (714) face aux enfants de la première épouse légitime, Plectrude. Emprisonné par cette dernière, il s’évade, réunit une partie de l’aristocratie austrasienne et remporte sur les Neustriens les victoires d’Amblève (716) et de Vincy (717). Il consacre ainsi définitivement le triomphe de l’Austrasie et unifie l’État mérovingien. Il gouverne sous l’autorité fictive des rois mérovingiens, Chilpéric II puis Clotaire IV et Thierry IV. Il vainc les Saxons, les Frisons et soumet la Thuringe ainsi que la Bavière.

Il est célèbre par sa victoire de Poitiers (25 octobre 732) contre les Arabes d’Espagne. Contrairement au caractère définitif que cette bataille a laissé dans les mémoires, cependant, la victoire de Poitiers stoppe la progression des musulmans mais ne l’arrête pas. Charles doit revenir plusieurs fois pour chasser les Arabes de la vallée du Rhône, de la Provence et de la Septimanie. En 737, il livre encore des batailles acharnées autour de Narbonne. Les combats durent plus de vingt ans.

Après sa victoire de Poitiers, Charles soumet fermement l’Aquitaine et la Provence.

Il laïcise les biens du clergé et distribue certains domaines de l’Église aux leudes pour les récompenser. Au même moment, cependant, il soutient le pape dans sa politique d’évangélisation en Bavière, en Frise et en Saxe, protégeant notamment saint Boniface. Les missions suivent les armées. Charles Martel a compris qu’une pacification durable passe nécessairement par la christianisation des populations païennes. Cette alliance avec la papauté sera poursuivie par ses successeurs, Pépin le Bref, son fils, et Charlemagne, son petit-fils.

À la mort du roi Thierry IV en 737, Charles Martel, qui n’est que maire du palais, donne la preuve éclatante de sa puissance en ne nommant pas de successeur au trône. Il écarte ainsi le fant ôme de la royauté mérovingienne sans prendre le risque de s’approprier le titre de roi. Cette modestie ne trompe personne: le pape Grégoire III l’appelle le « vice-roi ». Allié aux Lombards contre les Arabes, affaibli par la maladie, il doit renoncer à secourir le pape Grégoire III, menacé par ces mêmes Lombards.

Il meurt le 22 octobre 741, à sa villa de Quierzy-sur-Oise et est enterré à Saint-Denis, auprès des rois mérovingiens. Il a fait rédiger par son demi-fr ère une chronique officieuse, qui continue l’œuvre du pseudo-Frédégaire
1
. Il laisse le pouvoir à ses fils, Carloman et Pépin le Bref.

CARLOMAN

v. 715 - Vienne, 754

 

FILS AÎNÉ de Charles Martel, il hérite, à la mort de son père, du pouvoir sur l’Austrasie, la Souabe et la Thuringe. Il aide son frère, Pépin le Bref, à combattre les Alamans, les Bavarois et les Saxons. Il soutient l’œuvre réformatrice de saint Boniface, rend aux églises une partie des biens qui leur avaient été enlevés par Charles Martel et réforme la discipline ecclésiastique. Attiré (par nature ou par obligation) par les affaires religieuses, il se fait moine en 747 et se retire au monastère du Mont-Cassin (Italie), où il finit ses jours sous la règle sévère de saint Benoît. Pépin le Bref hérite de son pouvoir sur les territoires.

1.
Chronique du monde jusqu’à l’an 660, l’une des rares écrites à l’époque mérovingienne, et dont l’auteur reste sujet à caution.

LES CAROLINGIENS

Deuxième dynastie des rois francs. Bien que fondée par Pépin le Bref, elle tire son nom de son plus illustre représentant, Charlemagne. Elle succède à la dynastie des Mérovingiens en 751, lorsque Pépin le Bref destitue le dernier Mérovingien, Childéric III, et se fait proclamer roi des Francs. Elle a donné treize rois, dont cinq ont aussi été empereurs d’Occident.

La dynastie des Carolingiens mène une habile et patiente stratégie d’alliances et de mariages. Elle est issue de l’union de deux puissantes familles d’Austrasie, dont l’origine remonte à Pépin de Landen, maire du palais, et saint Arnould, évêque de Metz.

Son règne, brillamment amorcé par Pépin le Bref (751-768), fils de Charles Martel, connaît son apogée sous Charles I
er
le Grand ou Charlemagne (768-814), empereur d’Occident. Dès lors, le destin de la famille carolingienne coïncide avec celui de l’Europe. Les Carolingiens règnent sur la Gaule, la Germanie occidentale, le massif alpin, l’Italie du Nord.

À la mort du fils et successeur de Charlemagne, Louis I
er
le Pieux (814-840), l’empire, soumis aux raids normands depuis 840 mais aussi à la coutume franque des partages, est démembr é entre les trois petits-fils de Charlemagne au traité de Verdun (843), l’un des événements les plus importants du Moyen Âge. Les trois principaux peuples d’Europe se séparent. Une France, une Italie et une Germanie indépendantes se forment. Lothaire I
er
(840-855) reçoit la Francie médiane, Louis le Germanique (843-876), la Germanie, et Charles II le Chauve (843-877) règne sur la Francie occidentale, futur royaume de France.

Le partage de l’empire se poursuit sous Louis II le Bègue (877-879), Louis III (879-882) et Carloman (879-884). Charles III le Gros tente de reconstituer l’unité de l’empire mais, après sa mort, les forces centrifuges l’emportent. Les deux tentatives pour rétablir la dignité impériale, celle de Charles le Chauve, en 875, et celle de Charles le Gros, en 885, restent donc sans lendemain. En dépit d’une activité culturelle et artistique brillante, un processus de déclin s’amorce, accentué par les dissensions internes et les invasions.

Charles III le Simple, Louis IV d’Outre-Mer, Lothaire et Louis V le Fainéant sont les souverains carolingiens sous tutelle de la France au X
e
 
siècle. Rois de nom, ils ne le sont guère de fait et se retrouvent bientôt définitivement écartés du pouvoir par les Capétiens. Occupés par leurs querelles de succession, ils se montrent incapables de défendre la France contre les envahisseurs, normands en particulier. Ainsi se constituent les liens de protection et le régime de la féodalité fonde la nouvelle organisation de la société au cours des IX
e
et X
e
 
siècles.

Les Carolingiens règnent jusqu’en 911 et en France jusqu’en 987, disputant, durant tout un siècle, le trône aux Robertiens (ancêtres des Capétiens).

Sous les Carolingiens, l’Europe occidentale constitue un ensemble régi par des institutions uniformes. Cette dynastie apporte aussi, par le recours au sacre des rois, une innovation capitale. Si les Mérovingiens sont rois par la volonté des Francs, les Carolingiens le sont par la volonté de Dieu, bien que l’hérédité reste fragile et que tous les Carolingiens soient, en réalité, élus par les Grands. Le sacre de Pépin le Bref marque le début de la monarchie de droit divin qui devait durer jusqu’à la Révolution française. Alliés du Saint-Siège, menacés par les Lombards, les Carolingiens sont aussi les défenseurs de la chrétienté.

PÉPIN LE BREF

Jupille, 715 - Saint-Denis, 768

Roi des Francs (751-768)

Fils de Charles Martel et père de Charlemagne, il est le fondateur de la dynastie des Carolingiens. Surnommé « le Bref » (le petit) à cause de sa courte taille, il est réputé pour sa force extraordinaire.

 

À LA MORT de son père, Charles Martel (741), Pépin devient maire du palais et reçoit la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Son frère, Carloman, hérite de l’Austrasie et de la Thuringe. Tous deux gouvernent un royaume sans roi depuis la mort de Thierry IV (737). Confrontés à de nombreuses oppositions, ils doivent se montrer conciliants. Même s’ils défont Odilon, duc de Bavière, en 743, il leur faut rétablir Childéric III sur le trône pour apaiser les adeptes de la dynastie mérovingienne.

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