À la demande de son oncle, Charles de Valois, Louis X doit sacrifier Enguerrand de Marigny. Ce conseiller de Philippe le Bel, surintendant des finances poursuivi par la haine des nobles, est pendu au gibet de Montfaucon.
Le comte de Flandre, Robert de Béthune, ayant refusé de prêter hommage au roi, Louis réunit les états généraux à Bourges, en 1316. L’arm ée royale entre en Flandre, mais s’embourbe dans la pluie et l’inaction. De retour à Vincennes, Louis succombe, d’une maladie respiratoire.
Louis a d’abord été marié à Marguerite de Bourgogne. Impliquée dans « l’affaire des Brus » de Philippe le Bel, elle est répudiée, emprisonnée, et Louis la fait étrangler en 1315. Il épouse en secondes noces Clémence de Hongrie, dont il a un fils posthume, Jean I
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. En attendant la naissance, conformément à la loi salique, la régence passe au frère de Louis, Philippe, qui devient Philippe V le Long. Louis X marque son règne court – un an et demi – par une ordonnance sur l’affranchissement des serfs.
JEAN I
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LE POSTHUME
1316
Roi de France et de Navarre (1316)
FILS POSTHUME du roi Louis X le Hutin et de Clémence de Hongrie, Jean I
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est l’héritier tant attendu. Mais il ne survit que cinq jours, peut-être assassiné à l’instigation de son oncle, Philippe. Pour la première fois depuis 987, il n’y a pas de successeur direct au trône. La couronne passe donc au deuxième fils de Philippe le Bel.
PHILIPPE V LE LONG
v. 1293 - Longchamp, 1322
Roi de France (1316-1322)
Deuxième fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne de Navarre, il ressemble beaucoup à son père à tous points de vue.
COMTE de Poitiers en apanage, il est déclaré régent du royaume à la mort de son frère, Louis X le Hutin (1316). Il se rend à Lyon, où le conclave se réunit depuis deux ans sans réussir à élire un nouveau pape. Il fait fermer toutes les issues et menace de faire ôter le toit. Devant tant de ténacité, les cardinaux s’empressent d’élire un pape fran çais, Jean XXII, au siège de la papauté d’Avignon. C’est de cette élection que date la coutume de mise au secret des cardinaux en conclave.
Le fils posthume de Louis X le Hutin, Jean, naît alors, mais ne survit que quelques jours. Philippe s’empresse de se faire proclamer roi. Il se fait sacrer le 9 janvier 1317, malgré l’opposition de nombreux barons qui voulaient placer sur le trône la fille de Louis X, Jeanne (de Navarre). Parmi eux se trouvent Charles, le frère de Philippe, et Eudes IV, duc de Bourgogne. Leurs ambitions s’apaisent lorsque le fils unique de Philippe meurt à l’âge de huit ans. Charles devient alors héritier du trône et Eudes épouse Jeanne, la fille aînée du roi.
Homme énergique, Philippe poursuivit l’œuvre administrative de son père. Après avoir mis fin à la guerre de Flandre commencée sous Philippe le Bel (1320), il développe les milices urbaines, l’administration financière (organisation du Trésor, institution de la Chambre des comptes, 1320), tente d’unifier les poids et mesures et déclare inaliénable le domaine royal.
Marié avec l’une des filles du comte palatin de Bourgogne, Jeanne, Philippe a six enfants. Lorsque éclate « l’affaire des Brus » de Philippe le Bel, Jeanne, qui fréquente Marguerite et Blanche quotidiennement, est, elle aussi, accusée. Mais, grâce à l’absence de preuves et au soutien de son époux, elle est acquittée. En la conservant pour femme, Philippe évite ainsi des troubles en Bourgogne. Philippe V meurt sans héritier mâle. Selon la loi salique, son frère, Charles IV le Bel, lui succède.
CHARLES IV LE BEL
v. 1294 - Vincennes, 1328
Roi de France (1322-1328)
Le premier Charles des Capétiens reprend la suite de la lignée des Carolingiens en se désignant le quatrième de ce nom. Sans postérit é masculine, il est le dernier des Capétiens directs, la couronne passant ensuite aux Capétiens Valois.
TROISIÈME ET DERNIER fils vivant de Philippe le Bel, il succède à son frère Philippe V le Long, mort sans héritier mâle.
Sacré à Reims le 11 février 1322, il s’efforce de réorganiser les finances et la justice. Il exile les banquiers lombards qui pratiquent l’usure. Il doit faire face à une nouvelle révolte de la Flandre en 1322, qui se termine par la paix d’Arques (1326).
Les tensions avec l’Angleterre reprennent de plus belle et Charles IV prononce la confiscation de la Guyenne, que son oncle Charles de Valois conquiert en 1324 ; après la mort d’Édouard II en 1327, une partie des conquêtes est rendue à son successeur, Édouard III.
Il répudie sa première femme, Blanche de Bourgogne, impliquée dans l’affaire des « brus » (1314) infidèles de Philippe le Bel, se remarie à Provins en 1322 avec Marie de Luxembourg. C’est d’ailleurs à l’occasion d’un séjour en Languedoc en sa compagnie qu’il favorise la fondation de l’Académie des Jeux floraux de Toulouse.
Marie étant morte en couches en 1324 sans lui laisser d’enfant vivant, il épouse Jeanne d’Évreux qui ne lui donne que des filles.
À sa mort, selon le droit féodal, la couronne aurait dû passer à Édouard III, roi d’Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère, Isabelle (qui affiche bien mal à propos sa liaison avec Mortimer), et neveu des trois derniers rois.
C’est alors que la loi salique, qui écarte Édouard III du trône, devient une loi nationale. Elle seule permet, en effet, de préférer au prince étranger un prince français. C’est donc à son cousin Philippe VI de Valois qu’échoue la couronne. Les relations deviennent alors très tendues avec les Plantagenêts, annon çant la guerre de Cent Ans.
LES VALOIS
Branche des Capétiens qui régna en France de 1328 à 1589. Charles, qui avait reçu de son père, Philippe III le Hardi, le Valois en apanage, en fut l’initiateur. Son fils, Philippe VI, monta sur le trône après la mort, sans héritier mâle, des trois fils de Philippe IV le Bel.
Trois branches de Valois se succédèrent. Les Valois directs régnèrent de 1328 à 1498 (Philippe VI, Jean II le Bon, Charles V, Charles VI, Charles VII, Louis XI et Charles VIII). Les Valois-Orléans furent représentés par Louis XII, arrière-petit-fils de Charles V. Les Valois-Angoulême, descendants aussi de Charles V, leur succèdent de 1515 à 1589 (François I
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, Henri II, François II, Charles IX et Henri III). Le trône de France passa ensuite à la maison de Bourbon (Henri IV).
PHILIPPE VI DE VALOIS
1293 - Nogent-le-Roi, 1350
Roi de France (1328-1350)
Fondateur de la dynastie des Valois. Son règne marque le début de la guerre de Cent Ans.
FILS DE CHARLE, comte de Valois (frère de Philippe IV le Bel), et de Marguerite d’Anjou, Philippe de Valois est d’abord régent du royaume. À sa mort, Charles IV laisse, en effet, la reine Jeanne d’Évreux enceinte. L’enfant étant une fille, Philippe est reconnu par les barons (1328) selon le principe de la loi salique, qui écarte ainsi du trône les autres prétendants : Jeanne II de Navarre (fille de Louis X le Hutin) et surtout Édouard III, roi d’Angleterre (petit cousin de Philippe VI et petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère). Philippe est sacré à Reims le 29 mai 1328.
La guerre ne s’engage cependant ni dès l’avènement de Philippe ni directement. Édouard III étant mineur, Philippe VI est reconnu roi, même par son rival, qui vient solennellement dans la cathédrale d’Amiens lui prêter hommage pour la Guyenne (1329). Édouard III se révolte lorsque Philippe VI prétend accroître son pouvoir. Mécontent des empiétements de Philippe VI en Guyenne et de ses intrigues avec ses ennemis écossais, il décide de revendiquer le trône de France. Ainsi débute la guerre de Cent Ans.
Édouard III a pour allié la Flandre. Philippe VI ne cesse, en effet, depuis son avènement, d’opprimer les Flamands, révoltés contre leur comte français, et a remporté sur eux l’éclatante victoire de Cassel (24 août 1328). La guerre contre l’Angleterre, déclarée à partir de 1337, est effective après la victoire navale des Anglais à la bataille de L’Écluse (1340).
La succession du duché de Bretagne, maison française depuis Philippe Auguste, déplace le conflit entre Anglais et Français. Le duc Jean III laisse, à sa mort, en 1341, une nièce, Jeanne de Penthièvre, et son jeune frère, Jean de Montfort. La loi salique exclut Jeanne mais Philippe VI décide, malgré tout, d’être son allié. Par contrecoup, Édouard III prend aussitôt le parti de Jean de Montfort. Comble du paradoxe, donc, Édouard défend une loi de succession qui ruine ses propres prétentions au trône tandis que Philippe, de son côté, soutient la théorie qui confirme les titres de son rival.
Puis éclate l’affrontement entre Édouard III et Philippe VI. Édouard III débarque en France à l’extrémité de la presqu’île du Cotentin (1346). Il bat, à Crécy (26 août 1346), Philippe qui, emporté par la défaite, doit quitter Paris, et assiège Calais. Au bout de dix mois, Calais se rend, lors d’un épisode immortalisé par Rodin : Édouard III ne consent à épargner la ville que contre la reddition de ses six principaux bourgeois, destinés à être pendus. Mais l’épouse d’Édouard obtient leur grâce. Philippe doit conclure une trêve après la prise de Calais (1347), qui restera anglaise jusqu’au XVI
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siècle. Son règne est aussi marqué par une grave crise économique, le renforcement de la fiscalité royale pour financer le coût de la guerre et les ravages de la peste noire (1348). Le roi régularise la gabelle, monopole du sel mis en place par son oncle. Il instaure l’appel comme d’abus (1329), qui permet de recourir à sa personne dans le cas où les évêques abusent de leur pouvoir. Malgré ses revers militaires, Philippe laisse le domaine royal agrandi par l’apport de ses apanages (comtés de Valois et de Chartres, d’Anjou et du Maine) et par l’achat du Dauphiné et de Montpellier en 1349.
Marié à Jeanne de Bourgogne, puis à Blanche d’Évreux-Navarre, Philippe VI a pour successeur son fils aîné, Jean II le Bon (fils de Jeanne).
JEAN II LE BON
Château du Gué de Maulni, près du Mans, 1319 - Londres, 1364
Roi de France (1350-1364)
Souverain violent, d’une intelligence médiocre, il est surnommé le Bon, c’est-à-dire le Brave, parce qu’il est un chevalier courageux. Son règne laisse le souvenir d’une période assez désastreuse pour la France.
FILS AÎNÉ de Philippe VI et de Jeanne de Bourgogne, il est sacré roi à Reims en 1350. À court d’argent dès les premi ères années de son règne, il doit, pour continuer la guerre, convoquer les états généraux (1355). Ceux-ci votent de nouveaux impôts, mais exigent en retour un plus grand contrôle sur la gestion du roi : la bourgeoisie s’enhardit.
Jean fait décapiter, sans autre forme de procès, le connétable Raoul de Briennel puis donne la charge de connétable à un étranger, Charles d’Espagne. Ce favori ayant été victime d’une conspiration, Jean fait semblant de pardonner aux conspirateurs pour mieux les surprendre et les faire exécuter. Il crée un ordre de chevalerie : l’Étoile.
Jean II le Bon entre en conflit avec Charles II le Mauvais, roi de Navarre, son gendre, qui prétend au trône de France et a trempé dans le complot contre Charles d’Espagne. Arrêté en 1356, Charles le Mauvais se voit confisquer ses fiefs de Normandie. Profitant de ces querelles familiales, le fils d’Édouard III d’Angleterre, le Prince Noir, surnommé ainsi en raison de la couleur de son armure, relance la guerre, qui déchire toujours la Bretagne et a gagné la Normandie. Ayant mobilisé, dans sa province de Guyenne, une armée considérable, il envahit le Rouergue, l’Auvergne, le Limousin, traverse le Berry… Jean, malgré la supériorité de son armée, est vaincu et captur é par les Anglais à Poitiers (1356). Emmené à Londres, il passe ses quatre années de détention à mener une vie de plaisirs. Son fils (le futur Charles V) assume péniblement la régence. Il doit affronter la convocation des états généraux, réprimer une tentative de révolution et une jacquerie paysanne. De surcroît, Charles de Navarre, qui s’est évadé, sème le trouble dans tout le royaume et encourage les pillards.
Charles V signe le traité de Brétigny (1360). Il consent à payer la rançon de son père, cédant à l’Angleterre trois millions d’écus d’or et plus de seize des départements actuels : l’Agénois, le Rouergue, le Quercy, le Périgord, le Poitou, la Saintonge, La Rochelle, l’Angoumois, le Limousin, Calais…