Chronologie Des Rois De France (8 page)

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Authors: Pierre Vallaud

Tags: #Histoire

BOOK: Chronologie Des Rois De France
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LOUIS VII LE JEUNE

v. 1120 - Paris, 1180

Roi de France (1137-1180)

Souverain sans éclat, il est le premier roi de France à partir en croisade et s’affirme ainsi comme le chef du baronnage français. En 1152, il commet l’irréparable en répudiant sa femme, Aliénor d’Aquitaine. Libre, Aliénor épouse le comte d’Anjou, duc de Normandie et futur Henri II Plantagenêt. Cet acte déclenche une lutte entre Capétiens et Plantagenêts qui va durer trois siècles.

 

SECOND FILS de Louis VI le Gros, surnommé aussi le Fleuri, sacré en 1131, il monte sur le trône en 1137 et est couronné à Bourges le 25 décembre 1137. Grâce à son mariage avec Aliénor d’Aquitaine (1137), son domaine royal s’étend jusqu’aux Pyrénées.

Le roi inaugure son règne par deux expéditions malheureuses largement dues à l’influence de sa femme. L’armée royale est d’abord envoyée pour faire valoir les vieilles prétentions des ducs d’Aquitaine sur le comté de Toulouse, mais bat en retraite (1141). En 1142, alors, le comte de Champagne, jugé responsable de cet échec par la reine, encourt sa vengeance. Aliénor fait répudier la nièce de Thibaud de Champagne par le comte de Vermandois, qu’elle marie à sa jeune sœur, Pétronille. Thibaud riposte en se rangeant aux côtés du pape dans la querelle qui l’oppose à Louis VII au sujet de l’investiture de l’archevêque de Bourges. La guerre contre Thibaud entraîne Louis VII à accomplir un acte barbare. Il fait détruire Vitry-sur-Marne (1142) : mille trois cents personnes meurent brûlées dans l’église. Pour expier cette faute, le roi participe à la deuxième croisade. Il a entendu Bernard de Clair-vaux (saint Bernard) prêcher à Vézelay (1146). Louis et Aliénor quittent Saint-Denis le 12 mai 1147. Ils atteignent Byzance en octobre 1147. La reine est éblouie par la magnificence des fêtes, qui cachent un piège. Au départ de Byzance, les croisés tombent sous les coups conjugués des Grecs et des Turcs. Le couple royal embarque alors pour Antioche. Le prince d’Antioche est l’oncle d’Aliénor, Raymond de Poitiers, mais le roi, voulant à tout prix faire pèlerinage vers Jérusalem, précipite leur départ, au grand dam d’Aliénor. Après un revers contre Damas (1148), la croisade est un échec, l’armée de Louis VII est mise en déroute. Le couple est accueilli par le pape Eugène III.

Au printemps 1149, la nouvelle d’une révolte de Robert de Dreux, frère du roi, décide Louis VII à regagner la France. Il a laissé le pouvoir (1147-1149) à l’archevêque de Reims, au sénéchal Raoul de Vermandois et au sage conseiller Suger. Ce dernier poursuit l’œuvre de Louis VI. À son retour, et après la mort de Suger (1152), le roi répudie sa femme dissipée. Aliénor reprend sa dot, se mariant peu après avec le comte d’Anjou, duc de Normandie et futur Henri II Plantagenêt. Cet acte marque le début d’une longue lutte opposant Capétiens et Plantagenêts. Elle permet à Henri, futur roi d’Angleterre, de constituer un empire plus grand que celui de Louis. Ce dernier se retrouve vite obligé de lutter contre la puissance qu’il a fait naître. Il soutient contre Henri II l’archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket, et favorise les guerres des fils du roi d’Angleterre contre leur père. À l’intérieur, Louis VII renforce l’unité du royaume et l’autorité du roi en se rattachant de nombreux vassaux directs. Il fait édifier des villes neuves, telle Montauban (1144). Il proclame la paix du roi à Soissons, en 1155. Après la séparation avec Aliénor, le roi épouse Constance de Castille, qui meurt en couches (1160). Le 13 novembre 1160, il convole en troisièmes noces avec Adèle de Champagne, dont Louis a enfin un fils, après vingt-huit ans de règne. Un an avant sa mort, il fait sacrer roi ce fils unique : il s’agit du futur « Philippe Auguste ».

Malade, Louis ne peut cependant pas assister aux cérémonies du sacre. Terminant sa vie de manière monacale, il meurt à Paris.

PHILIPPE II AUGUSTE

Paris, 1165 - Mantes, 1223

Roi de France (1180-1223)

Héritier tant attendu de Louis VII, il est le fils d’Adèle de Champagne. Sa naissance inespérée lui vaut d’être surnommé Dieudonn é, avant d’être Philippe « Auguste » pour les chroniqueurs. La grande affaire de son règne est le combat contre les Plantagen êts. Il enlève une partie des fiefs que les Plantagenêts possèdent en France. Il affaiblit aussi la féodalité en renforçant le pouvoir royal. Il accroît le domaine royal par une politique de mariage et d’héritage et devient ainsi le plus puissant seigneur d’Europe. Il est représentatif de ces Capétiens fondateurs et conquérants.

 

SACRÉ DU VIVANT de son père (1179), Philippe lui succède à l’âge de quinze ans. Marié à Isabelle de Hainaut (1180), il réintroduit ainsi du sang carolingien dans sa dynastie et reçoit l’Artois. Il doit gouverner avec le clan de sa mère, le comté de Champagne, et celui de ses beaux-parents, le comté de Flandre. Il profite d’une succession disputée pour s’attribuer l’héritage du comte de Flandre décédé. Après avoir vaincu une coalition féodale (comte de Flandre, duc de Bourgogne, comtes de Blois et de Sancerre), il fait reconnaître ses droits sur le Vermandois et l’Amiénois (1185).

Au début de son règne, certains vassaux détiennent un pouvoir semblable au sien. C’est le cas du duc de Normandie, qui est en même temps roi d’Angleterre et souverain de l’Aquitaine, du Maine, de l’Anjou et de la Touraine. Face au danger que constituent les possessions franco-anglaises des Plantagenêts, Philippe II attise les dissensions entre Henri II d’Angleterre et ses fils, en particulier Richard I
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Cœur de Lion, avec lequel il se lie d’amitié. Henri II meurt dans le désespoir (1189). L’année suivante, Philippe et Richard partent de concert en croisade. Mais, après la prise de Saint-Jean-d’Acre (juillet 1191), Philippe revient dans son royaume, s’arrange pour que le duc d’Autriche capture Richard puis envahit la Normandie. Libéré contre rançon, Richard se venge. Il inflige à Philippe une série de défaites : Fréteval (1194), Gisors (1197), Courcelles (1198). La mort de Richard Cœur de Lion et l’avènement de Jean au trône d’Angleterre incitent Philippe à reprendre la lutte contre les Plantagenêts. Le roi d’Angleterre ayant été condamné par la Cour de France à la perte de ses domaines français pour félonie (Jean avait enlevé et épousé la fiancée de son vassal, Lusignan), Philippe Auguste confisque tous ses fiefs et obtient ainsi la Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine, le nord du Poitou et la Saintonge. Une vaste ligue se forme bientôt contre un roi aussi puissant, rassemblant Jean sans Terre, roi d’Angleterre, Otton IV, empereur d’Allemagne, le comte de Hollande et, bien sûr, le comte de Flandre, l’ennemi juré. Exaspéré par la révolte de ce dernier, Philippe Auguste s’exclama, dit-on : « Par tous les saints, la France deviendra flamande ou la Flandre deviendra France. »

Les victoires de Philippe II à Bouvines et de son fils à la Roche-aux-Moines sur cette ligne font du Capétien le plus puissant seigneur de son royaume et d’Europe, après qu’il a annexé au domaine royal le Valois, l’Auvergne, l’Amiénois et le Vermandois. Bouvines (27 juillet 1214), la première victoire nationale, repose sur une véritable strat égie militaire. L’exploit de Philippe est d’avoir remporté le combat avec mille deux cents cavaliers contre mille cinq cents pour Otton. Le comte de Flandre est promené enchaîné dans les rues de Paris.

Philippe II complète ses conquêtes par une politique de centralisation. Il supprime les grands officiers, jugés trop puissants, et crée les baillis (sénéchaux dans le Sud). Hauts fonctionnaires royaux, ils sont révocables et amovibles. Suivant la tendance de l’époque, Philippe II persécute les juifs (1182). Il s’appuie aussi sur la bourgeoisie en favorisant le mouvement communal, confie sa trésorerie aux Templiers.

Roi bâtisseur, il contribue à l’agrandissement et à l’embellissement de Paris (le Louvre, les fortifications, la tour de Nesles). Il dote l’Université de Paris de ses statuts en 1215.

La croisade contre les cathares, prônée par le pape et menée par Simon de Montfort (1208), permet à la royauté de prendre pied dans le Midi. Philippe y envoie son fils.

Ancien croisé, Philippe II entre cependant en conflit avec Innocent III après la répudiation d’Ingeburge de Danemark le jour de ses noces et son remariage avec Agnès de Méranie. Veuf de sa troisième épouse, Philippe finit néanmoins par se soumettre pour éviter d’affaiblir l’autorité de la dynastie royale. Philippe Auguste laisse un royaume dont la taille a quadruplé.

LOUIS VIII LE LION

Paris, 1187 - Montpensier, 1226

Roi de France (1223-1226)

Pressenti pour devenir roi d’Angleterre, il est le vainqueur de Jean sans Terre, qu’il poursuit sur l’île même.

 

FILS AÎNÉ de Philippe II Auguste et d’Isabelle de Hainaut, il épouse Blanche de Castille (23 mai 1200). Par cette alliance s’unissent deux petits-enfants d’Aliénor d’Aquitaine et Louis se retrouve neveu de Jean sans Terre, le roi d’Angleterre. Les deux pays ne se rapprochent pas pour autant. Le premier fait de guerre de Louis est une bataille livrée et remport ée contre Jean sans Terre près d’Angers, à La Roche-aux-Moines (2 juillet 1214), à la veille de la bataille de Bouvines.

Autre fait d’armes, son expédition en Angleterre est, elle encore, dirigée contre Jean sans Terre. Après la défaite de Bouvines (27 juillet 1214), Jean voit évêques et barons s’élever contre lui. Ces derniers, ulcérés, vont même jusqu’à proposer la couronne d’Angleterre à Louis (1215). Le pape défend à Philippe Auguste de laisser partir son fils. Philippe ne favorise donc pas le départ de Louis, mais le laisse gagner l’Angleterre. Malheureusement pour l’audacieux Louis, Jean, vaincu et affaibli, meurt au moment même de son expédition (1216). Les barons anglais ne voient plus alors en Louis qu’un étranger et il doit renoncer à ses prétentions outre-Manche.

De retour en France, Louis se lance dans une brève expédition militaire contre les albigeois. Raymond VI de Toulouse a, en effet, fini par tolérer la fameuse hérésie cathare. Simon de Montfort le combat. En 1213, le roi d’Aragon, allié du comte de Toulouse, tombe à la bataille de Muret. Au même moment, Philippe Auguste décide de limiter la puissance désormais démesurée des Montfort. Il envoie son fils Louis régler le problème. Si la première campagne de Louis VIII, en 1215 (Montpellier, Narbonne, Toulouse), n’est guère significative, la seconde (1219) est plus concluante. Le propre fils de Simon, Amaury, a remplacé son père à la tête de la croisade contre les albigeois. Impuissant à mater la révolte du Midi, il propose alors au roi de lui céder les terres conquises par son père, Simon. Philippe refuse, mais Louis, proclamé roi, les accepte. Entre-temps, cependant, Amaury a perdu le comté de Toulouse.

Premier Capétien à ne pas être sacré du vivant de son père, Louis reçoit le sacre le 6 août 1223, à Reims. Il enlève le Poitou aux Plantagenêts (1224), s’empare d’une partie du Languedoc puis participe, cette fois, à une véritable croisade contre les albigeois. Louis espère en retirer des domaines, comme prévu. Il prend la route vers le Midi, s’empare, après un long et terrible siège, d’Avignon, puis soumet le Languedoc (1226) où il fait reconnaître son autorit é et établit des sénéchaux. Tombé malade, il est contraint de revenir et meurt en route de dysenterie, près de Montpensier, en Auvergne. Père de douze enfants, il constitue des apanages pour ses fils : l’Artois à Robert, le Poitou à Alphonse, et l’Anjou et le Maine à Jean (puis à Charles). Lucide sur l’affaiblissement qui en résulte pour le domaine royal, il décide, à partir de la naissance de Philippe Dagobert, que ses fils à venir entreront dans les ordres.

LOUIS IX (OU SAINT LOUIS)

Poissy, 1214 - Tunis, 1270

Roi de France (1226-1270)

Il est l’un des grands Capétiens. Modèle du prince, du chevalier, croisé, figure légendaire de l’histoire de France et de la chrétienté bien connue grâce aux écrits de Joinville. Il voit au cours de son règne l’apogée de la civilisation française du Moyen Âge. Désormais « surmonté d’honneurs », le royaume de France est bien le premier d’Europe.

 

FILS DE LOUIS VIII, né à Poissy, il n’a que douze ans à la mort de son père et la régence est exercée par sa mère, Blanche de Castille (1226-1234). Avec l’appui de Thibault IV, comte de Champagne, chevalier et poète, Blanche mène une guerre victorieuse contre les grands vassaux révoltés, les ralliant un par un (y compris Pierre Mauclerc, comte de Bretagne).

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