Chronologie Des Rois De France (12 page)

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Authors: Pierre Vallaud

Tags: #Histoire

BOOK: Chronologie Des Rois De France
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Charles VII a épousé Marie d’Anjou. Il a même été élevé à la cour d’Anjou, ce qui explique l’influence qu’a sur lui Yolande d’Aragon, la mère de Marie. Le couple royal a douze enfants, dont cinq survivent. Parmi eux, le dauphin Louis (futur Louis XI). Brouillé avec son père, il empeste la vie de la Cour par ses complots, au point que le roi l’exile en 1447. Il ne reverra plus jamais son fils jusqu’à sa mort.

LOUIS XI

Bourges, 1423 - Plessis-lez-Tours, 1483

Roi de France (1461-1483)

Bien connue grâce aux Mémoires de Philippe de Commynes, la vie de Louis XI est celle d’un roi qui aime la solitude, l’austérité et hait fêtes, tournois et réceptions. Il emploie son énergie à briser la puissance de la noblesse, à agrandir le domaine royal – principalement au détriment du puissant duc de Bourgogne, Charles le Téméraire – et à relever l’économie française, ruinée par la guerre de Cent Ans.

 

FILS AÎNÉ de Charles VII et de Marie d’Anjou, il naît dans un pays en guerre et, par souci de sécurité, est élevé dans la forteresse de Loches. Il souffre de la pauvreté de la Cour du « petit roi de Bourges », qui se reflète dans les difficultés de son père à le fiancer. Finalement, Jacques I
er
, roi d’Écosse en guerre contre le roi d’Angleterre, accepte de lui donner sa fille, Marguerite. Déception, révolte, indignation devant la liaison de Charles VII et d’Agnès Sorel, soif de pouvoir, Louis est un adolescent rebelle. N’éprouvant que du ressentiment face à ce père en difficulté, il soutient la Praguerie (1440), ne cesse de fomenter des intrigues contre le roi avant de lui succéder en 1461. Pour le détourner de ce fâcheux penchant, Charles VII lui confie le rétablissement de l’ordre en Champagne. Il mène avec réussite une campagne contre les Écorcheurs, soldats recrutés pour la guerre et qui, en temps de paix, vivent de pillages. Ses talents militaires et diplomatiques sont indéniables. Cependant, la poursuite de ses conjurations lui vaut de se retrouver exilé en Dauphiné. Veuf (1444), il décide d’épouser, sans le consentement de son père, sa voisine, Charlotte de Savoie, pour tisser alliance politique autour de son Dauphiné. Pour éviter les représailles paternelles, il réside à Genappe, chez l’ennemi de son père, son oncle Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et est ami avec Charles le Téméraire, son cousin.

Devenu roi, sacré le 15 août 1461, il commence par renvoyer tous les conseillers de Charles VII, même les plus illustres. Se rendant compte de son erreur, il rappelle vite les plus brillants et s’entoure de gens modestes, son médecin J. Coicitier, son barbier Olivier le Daim, son prévôt des marchands Tristan Lhermite. Il engage la lutte contre la noblesse, regroupée contre lui dans la Ligue du bien public (1465) : les ducs de Bourbon, de Bretagne, de Lorraine, Charles de France, frère du roi, le duc d’Alençon, le duc de Nemours, le comte de Saint-Pol. Après la bataille indécise de Montlhéry (15 juillet 1465), les ligueurs se retirent et le roi peut entrer dans Paris. Mais le roi doit faire des concessions à ses grands féodaux. Il octroie notamment la Normandie à son frère, le duc de Berry (province récupérée l’année suivante).

En butte à une seconde révolte féodale, Louis XI vainc vite le duc de Bretagne mais doit lutter longtemps contre Charles le Téméraire, qui a pris alliance avec le roi d’Angleterre, Édouard IV. Pour traiter directement avec Charles le Téméraire, il se rend en personne à Péronne et se retrouve prisonnier. Charles le Téméraire a, en effet, découvert que Louis XI avait encouragé secrètement les révoltes de Gand et de Liège. Louis XI, démasqué par le Téméraire, est mis au secret pendant deux jours et trois nuits dans la sombre tour où, quatre cents ans auparavant, Charles le Simple était mort captif. Aussi ne reste-t-il pas inactif : il fait distribuer aux notables bourguignons d’importantes sommes d’argent par le cardinal de Balue et rassemble à la frontière picarde les armées d’Antoine de Chabannes et de Gaston de Foix. Puis il négocie avec Charles le Téméraire un accord largement à l’avantage du duc, offrant même de prendre part au châtiment des Liégeois. Il assiste à l’écrasement des révoltés puis rentre à Paris, plus déterminé que jamais à se venger de la maison de Bourgogne. Il s’emploie alors à isoler Charles le Téméraire. Il éloigne son frère du duc de Bourgogne en lui cédant la Guyenne, gras apanage aux antipodes de la Bourgogne. Il signe la paix avec Édouard IV d’Angleterre et déjoue toutes les coalitions féodales dirigées contre lui par son adversaire.

Lors de la troisième coalition féodale, qui regroupe les habituels rebelles impénitents, le duc de Bourgogne saccage Nesle mais échoue devant Beauvais grâce à la résistance d’une jeune fille, Jeanne Laisné, dite Jeanne Hachette. À partir de ce moment, les échecs militaires du Téméraire, ajoutés au procès du duc d’Alençon et à la mort du duc d’Armagnac, ramènent les autres princes à l’obéissance. De plus, le prince Charles de France, instrument des ligueurs contre le roi, son frère, meurt (1472). Le duc de Bourgogne se tourne alors vers l’Empire pour agrandir ses États. En réaction, de part et d’autre, les villes s’unissent dans une coalition dirigée contre la Bourgogne. Les Suisses et leurs alliés, soudoyés par Louis XI, pénètrent alors en Bourgogne et en Franche-Comt é, les armées françaises rompent la trêve, ravagent la Picardie et le Luxembourg. Le duc de Bourgogne, en lutte contre l’empereur, tente en vain de provoquer une révolte des princes français puis fait appel à l’Angleterre. Édouard IV débarque à Calais avec treize mille hommes en 1475 mais signe la paix de Picquigny (20 août 1475), par laquelle il renonce au trône de France pour 75 000 écus et 50 000 livres de pension. Pendant que Louis XI traite avec le roi d’Angleterre, Charles le Téméraire entre en Lorraine avant d’accumuler les défaites. Le duc de Bourgogne battu puis tué (1477), Louis XI tente de saisir l’immense héritage bourguignon mais ne peut conserver que le duché de Bourgogne et la Picardie (traité d’Arras, 1482). Le reste des territoires passe aux Habsbourg, la fille du Téméraire ayant épousé l’archiduc Maximilien d’Autriche. Louis XI augmente aussi le domaine royal par l’héritage de l’Anjou, du Maine et de la Provence, contribuant ainsi à l’unité territoriale de la France, le domaine royal coïncidant presque avec les limites de la France actuelle.

Sous le règne de Louis XI, le Conseil se divise en Grand conseil, réuni dans des circonstances exceptionnelles, et Conseil étroit, où ne siègent que les intimes, tous créatures du roi. Ce dernier s’efforce de renforcer l’autorité royale en centralisant la justice et les finances et en créant de nouveaux parlements à Bordeaux et Dijon. Louis XI augmente les impôts dans des proportions considérables parce que sa politique d’acquisition territoriale exige de grosses dépenses. Il maîtrise la noblesse par tous les moyens. Le connétable de Saint-Pol, qui a abusé de sa faveur pour le trahir, est décapité (1475), Jacques d’Armagnac est mis en cage puis décapité (1477), d’Alençon est également encagé à Chinon. Louis XI favorise aussi la reprise économique en introduisant en France l’industrie de la soie. Il fait de Lyon la capitale du drap et le centre d’industrie de la soie, développe les grandes foires, dont celle de Caen, et attire par des privil èges les marchands étrangers en France. Il se préoccupe bien plus volontiers de la bourgeoisie que du peuple ou des paysans. Il supprime la Pragmatique sanction (1461), soumet l’Église à son autorité intervenant dans les élections ecclésiastiques, interdisant l’accès de son royaume aux Inquisiteurs et faisant juger les crimes d’hérésie par son Conseil.

Autoritaire et redouté, surnommé l’« universelle aragne » par ses ennemis – c’est-à-dire « l’araignée » –, Louis XI est réputé pour son intelligence diplomatique, sa ruse méfiante. Les ambassadeurs milanais le considèrent comme « le plus subtil qui soit ». On célèbre sa puissance de travail, sa dureté, sa tyrannie aussi. Moins d’une génération après sa mort, on raconte qu’il s’abreuve du sang des nouveau-n és, qu’il est l’assassin de son frère, etc. Autant d’images qu’il faut reléguer au rang des légendes.

Il est marié, dès l’âge de quinze ans, à Marguerite, qui meurt en disant : « Fi de la vie, qu’on ne m’en parle plus ! », ce qui porte à croire que la vie conjugale n’avait pas été des plus épanouissantes. Puis, de son second mariage avec Charlotte, il a d’abord deux filles, Anne qui épouse Pierre de Beaujeu, un fidèle du roi, et Jeanne, bossue ou boiteuse selon les légendes, qu’il unit contre le gré des deux conjoints au duc d’Orléans. Il prend ainsi une ultime précaution contre les féodaux qui, exaspérés par les progrès de l’autorité royale, chercheraient un éventuel recours parmi les princes. Cette dernière précaution échoue et le duc d’Orl éans fera casser ce mariage pour régner sous le nom de Louis XII. Un fils longtemps attendu, Charles, naît en 1470. Il lui succède sous le nom de Charles VIII.

CHARLES VIII

Amboise, 1470 -
id
., 1498

Roi de France (1483-1498)

Il est le dauphin tant attendu après dix-neuf ans de mariage entre Louis XI et Charlotte de Savoie. Aux états généraux de Tours (1484), premiers États de l’histoire nationale, il hérite d’un pays agrandi, reconstruit, pacifié. Son règne, marqué par l’aventure italienne, met fin à la dynastie des Valois directs.

 

ÉLEVÉ AVEC SOIN par sa mère au château d’Amboise, de santé fragile, il n’a que treize ans à la mort de son père. Il règne d’abord, conformément aux recommandations de son père, sous la régence de sa sœur, Anne de Beaujeu, âgée de vingt-trois ans. Les Beaujeu ont toujours été fidèles à Louis XI. Ils luttent contre les nobles révoltés. La mort de Louis XI déchaîne, en effet, de grandes ambitions.

Le duc d’Orléans s’allie aux barons bretons dans une « guerre folle » contre le gouvernement; puis, en 1485, il forme une nouvelle coalition, ainsi que le sire d’Albret. Anne réprime ces tentatives avec fermet é et fait emprisonner Louis d’Orléans.

Par ailleurs, elle arrange le mariage de son frère, Charles, avec Anne de Bretagne (1491), préparant ainsi la réunion du duché à la couronne. Cette alliance diplomatique humilie Maximilien de Habsbourg, auquel Anne de Bretagne était promise, et à la fille duquel Charles était fiancé. En contrepartie, il éloigne l’empereur du pré carré français. L’affaire oblige cependant le roi à faire des concessions. Il cède le Roussillon et la Cerdagne au roi de Castille, la Franche-Comt é, l’Artois et le Charolais à Maximilien.

La minorité de Charles VIII prend fin en 1491. Il inaugure sa prise du pouvoir par la libération de son cousin, Louis d’Orléans, auquel il accorde le pardon.

Les guerres d’Italie sont alors son principal engagement. En 1494, Charles se proclame roi de Naples. Pour faire légitimer ses prétentions à la couronne, il revendique les droits que les derniers princes de la maison d’Anjou ont légués à sa famille. Charles d’Anjou, frère de Saint Louis, avait épousé l’héritière de la Provence, devenant roi de Naples et de Sicile au XIII
e
 siècle, puis avait été dépossédé de ses terres par le roi d’Aragon. La légitimit é de cette réclamation est douteuse : Naples est un fief du Saint-Siège transmissible jusqu’au quatrième degré seulement et Charles VIII est un cousin au vingtième degré du roi René (beau-frère de Charles VII). En réalité, les causes des expéditions transalpines sont plutôt à rechercher dans le caractère aventureux et chimérique de Charles VIII et dans l’état d’agitation où se trouvait la noblesse française après le règne peu guerrier de Louis XI. Charles avait déjà été sollicité plusieurs fois par le pape pour marcher contre le roi de Naples, les barons de Naples et Ludovic Sforza (duc de Milan).

Les guerres d’Italie (1494-1559) opposent la France et les Habsbourg pour la domination de l’Europe. Pour éviter la formation d’une coalition entre l’Empire, l’Espagne et l’Angleterre, Charles VIII indemnise le roi d’Angleterre Henri VII, abandonne le Roussillon et la Cerdagne au roi Ferdinand d’Aragon, et l’Artois, le Charolais, la Franche-Comté à l’empereur Maximilien. Les troupes passent sans encombre les Alpes, traversent Turin, Pise. À Florence, Charles rencontre Savonarole et, à Rome, le pape. En février 1495, c’est l’entrée triomphale dans Naples. Mais les Napolitains déchantent bientôt : les Fran çais se partagent les places, les fiefs, sans autre forme de procès. Après avoir conquis rapidement le royaume de Naples, le roi doit abandonner ses conquêtes face à la ligue constituée par la république de Venise, Maximilien d’Autriche, Ferdinand II d’Aragon et le pape Alexandre VI. Oubliant ses serments d’alliance, Ludovic Sforza se joint à eux. Ces revirements et les maladresses de l’armée française obligent Charles à prendre en hâte le chemin du retour et à livrer encore une bataille difficile : Fornoue, le 6 juillet 1495.

Le voyage de Naples ne laisse en Italie que le mauvais souvenir de la « 
furia francese
 ». Les garnisons fran çaises abandonnées dans le royaume de Naples sont massacr ées. Charles VIII signe la capitulation en 1497.

De retour en France pour préparer une nouvelle expédition, Charles meurt à vingt-huit ans, le 7 avril 1498, en se cognant le front au linteau d’une porte, à Amboise. Sans postérité, il a pour successeur son cousin, le duc d’Orléans (futur Louis XII). Le contrat de mariage d’Anne de Bretagne stipulait qu’Anne s’engageait, si elle devenait veuve, à ne pas épouser d’autre prince que le successeur de son mari. Elle épouse donc Louis, duc d’Orl éans.

LOUIS XII

Blois, 1462 - Paris, 1515

Roi de France (1498-1515)

Esprit rebelle, il a longtemps défié l’autorité royale avant d’accéder lui-même au trône. Son règne est marqué par d’importants revers dans les guerres d’Italie mais la bonne conjoncture économique et la paix intérieure ont fait de ce roi l’un des plus populaires de son vivant. Réputé assez influençable par sa femme et le cardinal d’Amboise, l’homme des affaires d’Italie, bon diplomate, digne dans sa vie privée, il a hérité des Valois le goût de la grandeur.

 

ARRIÈRE-PETIT-FILS de Charles V, fils de Charles d’Orléans, dit le Poète, et de Marie de Clèves, il est contraint par Louis XI, qui souhaitait éteindre la branche d’Orléans, à épouser la fille infirme du roi, Jeanne de France. Loin de renoncer au pouvoir après l’avènement de Charles VIII, il complote et profite de la minorité du nouveau roi pour s’opposer violemment à la régence d’Anne de Beaujeu. Il participe à l’opposition féodale (la « guerre folle ») et, fait prisonnier à Saint-Aubin-du-Cormier (1488), est emprisonné durant trois ans. Réconcilié avec le roi Charles VIII qui le fait libérer et lui accorde son pardon, il participe avec ce dernier aux guerres d’Italie (1494-1495).

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