Le traité stipule en outre que la sœur d’Henri II doit épouser le duc de Savoie, et Philippe II, veuf de Marie Tudor, Élisabeth, fille d’Henri II. Au cours des fêtes données à l’occasion de ce dernier mariage, le roi est mortellement blessé dans un tournoi.
Henri II, comme son père, est un ardent défenseur des arts et sa Cour est l’une des plus brillantes d’Europe. Ronsard et la Pléiade célèbrent ses triomphes. Son tombeau ainsi que celui de sa femme se trouvent aujourd’hui à Saint-Denis.
Ayant eu dix enfants de Catherine de Médicis (dont trois vont régner), il laisse le pouvoir à son fils aîné de quinze ans, le dauphin François.
FRANÇOIS II
Fontainebleau, 1544 - Orléans, 1560
Roi de France (1559-1560)
Son bref règne est dominé par l’affrontement entre catholiques et protestants.
FILS AÎNÉ d’Henri II et de Catherine de Médicis, il succède à son père à quinze ans. Il a la majorité pour gouverner mais, de constitution fragile, n’en a guère les moyens et est plus intéressé par la chasse que par la gestion des affaires du royaume.
Fiancé à l’âge de six ans à Marie Stuart, petite reine d’Écosse de cinq ans et nièce des Guise, il l’épouse au printemps 1558. Sa mère exerce la régence de l’Écosse avec l’appui des Guise. Les conseillers du roi Henri II, Montmorency, Saint-André, les Châtillon sont renvoyés sans ménagement. Les princes de sang sont traités sans égard. Dès leur accession au pouvoir, les Guise déclarent la guerre aux calvinistes.
Pour le soustraire à l’influence de sa mère et des Guise (fervents catholiques), les chefs du parti protestant montent la conjuration d’Amboise (1560) à l’instigation de Condé. Le projet consiste à enlever le roi. La Cour, qui se déplace de Blois à Tours, avertie du complot, s’enferme à Amboise. Les conjurés arrêtés, la répression de la conjuration, confiée aux Guise, s’avère terrible. Il n’y a bientôt plus assez de potences à Amboise, on pend les prisonniers aux murs de la ville. Les calvinistes se soulèvent immédiatement dans les provinces. Pour calmer les esprits, Catherine de Médicis nommera chancelier un magistrat humaniste, Michel de l’Hospital, qui mène une politique de conciliation avec les Réformés (il a refusé de signer la condamnation à mort de Condé après la Conjuration).
L’édit de Romorantin (mai 1560) atténue quelque peu les rigueurs exercées contre les Réformés, introduit Coligny dans le Conseil du roi et convoque les états généraux.
François II meurt emporté par une méningite le 5 décembre 1560, laissant la France dans une agitation croissante. Son frère, Charles IX, lui succède.
CHARLES IX
Saint-Germain-en-Laye, 1550 - Vincennes, 1574
Roi de France (1560-1574)
Son règne est marqué par l’influence de sa mère, Catherine de Médicis, les guerres de religion et le massacre de la Saint-Barth élemy.
TROISIÈME FILS d’Henri II et de Catherine de Médicis, il succède à son frère, Fran çois II, à l’âge de dix ans. Sa mère exerce donc la régence. Toute sa vie, elle gardera une profonde influence sur lui. Catherine de Médicis prend soin d’écarter les Guise, décid ément trop compromettants, et appelle au pouvoir l’humaniste chancelier de l’Hospital et le catholique Antoine de Bourbon, nommé lieutenant général du royaume.
Les états généraux s’ouvrent non dans la capitale, trop agitée, mais à Orléans. Charles IX est sacré à Reims le 15 mai 1561. Quelques mois après se tient le colloque de Poissy, organisé par Michel de l’Hospital pour réconcilier catholiques et protestants. Le colloque est un échec. En 1562, néanmoins, l’édit de janvier autorise l’exercice du culte calviniste hors des places fortes. Cette concession, la présence croissante de protestants à la cour indisposent les catholiques et encouragent le prosélytisme huguenot. On estime qu’un quart des Français est passé au protestantisme. Elle provoque en retour le drame de Wassy (1
er
mars 1562), à l’instigation de François de Guise. Il s’agit du massacre d’un pasteur et de ses ouailles réunis pour célébrer le culte.
Wassy marque le début des guerres de Religion : à Tours, deux cents calvinistes sont noyés, à Sens, le temple est démoli. Charles IX et sa mère, tentant de se mettre sous la protection de Condé, sont ramenés à Paris. Ils se retrouvent prisonniers d’une faction qui rassemble Montmorency, le duc de Guise, le maréchal de Saint-André. Après une tentative de conciliation avec les protestants, l’édit de Saint-Amboise (19 mars 1563) accorde la liberté du culte réformé dans les châteaux et dans une ville par bailliage, mais l’interdit à Paris (paix de Saint-Germain, 1570).
La paix revenue, Catherine de Médicis entreprend avec le roi Charles IX un tour de France, censé rassembler le royaume derrière le roi et rétablir l’unité (1564-1566). Une caravane de huit mille chevaux promène la Cour et ses fastes dans les recoins du royaume. Ce long voyage a surtout pour vertu d’ouvrir la gastronomie française à l’influence italienne : les pâtes, les plats sucrés, les asperges, les concombres, les fruits confits…
Une tentative des protestants d’enlever Charles IX relance la guerre de Religion. Les catholiques l’emportent à Saint-Denis et la paix est signée à Longjumeau (mars 1568). Le renvoi de Michel de l’Hospital en mai 1568 rallume les hostilités. Les protestants sont battus à Jarnac et à Montcontour (1569). La situation se détériore à nouveau lorsque Coligny revient à la Cour en 1569. Il entre bientôt au Conseil et prend une place prépond érante. En gage de bonne volonté, il restitue les places de sûreté données par la paix de Saint-Germain. Puis il prépare, avec l’arrière-pensée d’unir catholiques et protestants dans une même cause nationale, la guerre contre la maison d’Espagne, que la victoire navale de Lépante rend de nouveau dangereuse. La régente ne souhaite pas se lancer dans l’aventure. Surtout, elle profite de l’occasion pour s’opposer à Coligny, qu’elle trouve trop encombrant. Furieux, Coligny cherche à convaincre Charles IX sans tenir compte de l’avis de sa mère. Cette tentative semble intolérable aux yeux de Catherine de Médicis. Le 22 août 1572, Coligny échappe de justesse à un tir d’arquebuse. En apprenant la nouvelle de cet attentat, la reine-mère reste silencieuse, trahissant sa complicité, mais le roi, ignorant tout du complot, entre dans une violente colère et court chez Coligny l’assurer de son soutien.
Pendant ce temps, les chefs calvinistes, rassemblés justement à Paris pour le mariage d’Henri de Navarre et de la sœur du roi, Marguerite (dite la reine Margot), commencent à crier vengeance au nom de l’attentat contre Coligny. Devant cette menace grandissante, Catherine et le duc d’Anjou (futur Henri III) décident de les faire éliminer.
Après maintes réticences, Charles IX, consulté, ordonne le massacre de la Saint-Barthélemy. Victor Hugo a immortalis é le prétendu plaisir tiré par le roi du massacre :
Ce qui sort de la fange y rentre Va trouver Tibère en son antre Et Charles IX sur son balcon.
Dans la nuit du 24 août 1572, Henri de Navarre échappe au massacre en abjurant sa foi protestante. En 1572, Coligny trépasse lors du massacre de la Saint-Barthélemy, les grands seigneurs des deux confessions meurent au combat : François de Guise, mort en 1563, a été remplacé par son fils, Henri, et Antoine de Bourbon, mort en 1562, par le sien, Henri, dit de Navarre. Au total, les combats font plus de huit mille morts dans la France entière. La quatrième guerre de Religion se termine par l’édit de Boulogne (juillet 1573), qui accorde aux Réform és la liberté de conscience.
Charles IX est épuisé par les contradictions de son règne, qui a pourtant adopté des mesures importantes : la Grande ordonnance de Moulins visant à réformer la justice et à étendre les pouvoirs du roi (1566), l’édit qui déplace le début de l’année de la veille de Pâques au 1
er
janvier, la Charte de l’imprimerie… L’année suivante, il meurt des suites d’une pleurésie, laissant de son mariage avec Élisabeth d’Autriche (fort souvent délaiss ée au profit de sa plantureuse maîtresse Marie Touchet) une fille unique. Son frère, le duc d’Anjou est couronné sous le nom d’Henri III.
HENRI III
Fontainebleau, 1551 - Saint-Cloud, 1589
Roi de France (1574-1589)
Dernier des Valois, il manifeste durant son règne, marqué par les guerres de Religion, une vive volonté d’unité nationale.
TROISIÈME FILS d’Henri II et de Catherine de Médicis, il est d’abord nommé duc d’Anjou, puis d’Orléans. La régente lui ayant confié, dès seize ans, la responsabilité de l’armée, il s’illustre brillamment aux batailles de Jarnac et de Moncontour (1569), deux victoires contre les protestants. En 1573, dirigeant le siège de La Rochelle, place forte accordée aux huguenots, il apprend son élection au trône de Pologne grâce aux intrigues de sa mère, dont il est le fils préf éré. Couronné à Cracovie en février (1574), il revient bientôt en France pour succéder à son frère, Charles IX. Le 13 février 1575, il est sacré à Reims et, le lendemain, dans la cathédrale, il épouse Louise de Vaudémont (1575), dont il n’aura aucun enfant.
Habile législateur, il instaure les bureaux des finances dans tout le royaume, réorganise le Conseil royal. Aux états généraux de Blois (1576), le travail des coutumes est encourag é. Les curés sont désormais astreints à tenir un registre des baptêmes, mariages, enterrements et autres actes d’état civil. Il trace un grand plan de réformes dans les trois cent soixante-trois articles de la Grande ordonnance de Blois (1579).
Intelligent et cultivé, il est l’homme des coteries, des cabales. Le fâcheux entourage de ses favoris – les « mignons » –, auxquels il accorde un crédit excessif, la faiblesse de son gouvernement font que le roi ne parvient pas à s’imposer aux partis qui déchirent alors la France.
La situation du royaume est confuse. Tirant la leçon de la Saint-Barthélemy, une Union calviniste se constitue. Après avoir lutté contre les protestants, Henri III suit le parti des Politiques, catholiques conciliants, et signe en 1576 la paix de Monsieur (ou paix de Beaulieu). Mais, en réponse, les catholiques intransigeants s’organisent en parti armé, la Ligue, conduite par Henri de Guise, dit « le Balafré » à cause d’une blessure. À nouveau, le mécanisme de l’escalade des hostilités entre protestants et catholiques se met en marche. Aux états généraux de Blois (1576), Henri III doit céder, sous la contrainte des ligueurs : « un roi catholique, une foi catholique ». Il ne parvient pas à rallier les catholiques intransigeants, qui l’obligent ainsi à reprendre la lutte contre les protestants, laquelle aboutit à la paix de Nérac (1580), moins favorable que celle de Monsieur. La mort du frère d’Henri III, le duc d’Alençon (1584), rouvre les hostilités. Il est alors avéré que le roi n’aura pas de descendance et le prétendant légitime est Henri de Bourbon, roi de Navarre, rebelle au roi, redevenu calviniste et relaps. Dans ces conditions, la maison de Guise, qui brigue la couronne, ne peut accepter qu’Henri de Navarre (futur Henri IV) devienne l’héritier du trône. C’est la guerre dite « des trois Henri » : Henri III, à la tête des royalistes, Henri de Guise, chef de la Ligue catholique, et Henri de Navarre, chef des protestants.
À Auneau, Épernon, le favori du roi, défait l’armée luthérienne commandée par le duc de Bouillon. Il arrête volontairement sa poursuite de l’ennemi pour plaire au roi, laissant Henri de Guise le repousser jusqu’à Genève. Affaibli par la défaite de Joyeuse (son beau-frère) à Coutras (1587), la demi-victoire d’Auneau et la popularit é des Guise soutenus par les Espagnols, Henri III est de plus en plus accusé de ménager les calvinistes. Il doit quitter Paris après la journée des Barricades (1588). Il fuit vers le sud puis gagne Rouen et Tours. Encore une fois, il doit céder, l’édit d’Union (juillet 1588) accorde l’amnistie aux révoltés. Henri de Guise devient lieutenant général du royaume.
Le désastre de l’Invincible Armada (août 1588) et l’humiliation des Espagnols redonnent à Henri III de l’ardeur pour combattre son ennemi.
Guise, informé qu’Henri III veut le faire assassiner, affirme : « Il n’oserait. » Le lendemain, le roi le fait poignarder à Blois (1588). À la nouvelle de la mort du Balafr é, idole des Parisiens, la capitale se soulève. En même temps, les chefs de la Ligue, la duchesse de Nemours, les ducs de Joinville et d’Elbeuf, le cardinal de Bourbon sont arrêt és. Le même jour, le second frère Guise, le cardinal de Lorraine, est tué.
Roi honni des Parisiens ligueurs, Henri III est pourtant l’un des rois les plus parisiens. Il vit au Louvre, est l’auteur du projet de construction du Pont-Neuf.
Pour faire face à l’insurrection, Henri III se réconcilie avec son cousin, Henri de Navarre. Il signe un accord par lequel il le reconnaît de nouveau comme son héritier (avril 1589). Mais, alors qu’il tente avec lui de reprendre Paris aux mains des ligueurs, il est assassin é par un dominicain fanatique, Jacques Clément. Avant de mourir, il appelle Henri de Navarre, le bénit, lui transmet la couronne en le pressant de se faire catholique et le fait reconnaître par tous les dignitaires et chefs d’armée. Avec lui s’éteint la branche valoisienne des Capétiens.
LES BOURBONS
Famille française dont les membres ont régné en France, en Espagne, à Naples, en Sicile, à Parme et qui tire son nom des descendants d’une famille féodale installée en Auvergne, les Bourbons investissent la seigneurie de Bourbon-l’Archambault. De 1589 à 1830, elle a donné sept rois à la France tout en ayant été interrompue par la Révolution et l’Empire.
Les Bourbons se divisent en quatre branches.
La première branche, issue de Louis, duc de Bourbon en 1327, s’éteint en 1527.
La deuxième branche, dite des « Bourbons », issue du même Louis, accède au trône de Navarre, Antoine de Bourbon ayant épousé Jeanne d’Albret. Antoine de Bourbon est, lui-même, le descendant en huitième génération de Robert, fils cadet de Saint Louis (Louis IX). Son fils parvient au trône de France sous le nom d’Henri IV (1589). Sa lignée directe va jusqu’à Charles X. Le dernier représentant n’est pas roi, il s’agit du comte de Chambord, petit-fils de Charles, sans descendant en 1883.
La troisième branche, dite des « Bourbons-Orléans », est issue de Philippe, duc d’Orléans, frère de Louis XIV et second fils de Louis XIII. Elle donne Louis-Philippe I
er
, roi des Français de 1830 à 1848. Le chef en était, jusqu’à sa mort, en juin 1999, Henri, comte de Paris. Son fils aîné se nomme également Henri.