Chronologie Des Rois De France (17 page)

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Authors: Pierre Vallaud

Tags: #Histoire

BOOK: Chronologie Des Rois De France
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Le roi a eu deux fils qui meurent avant lui. Son dauphin, Louis, veuf de sa première femme, épouse Marie-Josèphe de Saxe (le soir de leur mariage, en 1747, une panique de la foule fait cent trente-trois morts) qui lui donne huit enfants dont trois vont régner : le duc de Berry (Louis XVI) d’abord, après l’interm ède de l’Empire, le comte de Provence (Louis XVIII) puis le comte d’Artois (Charles X).

LOUIS XVI

Versailles, 1754 - Paris, 1793

Roi de France (1774-1791), puis roi des Français (1791-1792)

Homme d’État médiocre, entouré de ministres remarquables, il décourage leurs initiatives par une indécision maladive. Il est l’artisan, souvent manipulé, de la chute de la monarchie lors de la Révolution française.

 

PETIT-FILS de Louis XV, il est le troisième fils du dauphin et de la princesse Marie-Josèphe de Saxe. Après la mort de ses deux frères aînés, il devient roi à vingt ans, en 1774. Pieux et honnête mais très méfiant à l’égard des idées nouvelles, d’un caractère indécis et timide, il est mal préparé aux affaires politiques, s’intéressant davantage à la chasse et aux travaux artisanaux comme la serrurerie ou l’horlogerie.

Marié à Marie-Antoinette d’Autriche (1770) dans le but de renforcer l’alliance avec l’Autriche, il est affaibli par le discrédit qui frappe la reine. Critiquée pour ses mœurs libertines, ses dépenses excessives, sa passion des bals et des fêtes, « l’Autrichienne », surnomm ée aussi « Mme Déficit », finit par se rendre vraiment impopulaire lors de l’affaire du Collier (1785).

Louis commence son règne par une grave erreur : le rappel des parlements mis au pas par Maupeou. Les magistrats font aussitôt tout pour empêcher toute réforme. Conseillé par le conservateur Maurepas disgraci é par son grand-père, le roi appelle néanmoins au pouvoir deux réformateurs : Turgot et Malesherbes. Turgot réalise des économies, réduit la dette et supprime les corv ées, mais le parlement fait échouer la mise en place des impôts sur le revenu foncier et sur la libre circulation des grains. L’augmentation du prix des céréales entraîne la « guerre des farines » et Louis XVI sacrifie Turgot. Quels que soient les abus, toute tentative de réforme se heurte à l’opposition des privilégiés. Après Turgot, le banquier genevois protestant Necker a recours à des emprunts onéreux pour financer la guerre d’Indépendance américaine. L’intervention fran çaise rehausse le prestige de la France en Europe mais, ajoutée aux dépenses inconsidérées de la Cour, elle aggrave encore la crise financière. La moitié des rentrées budgétaires est engloutie par la dette. Bientôt, l’État est au bord de la faillite. Sur le plan social, Necker supprime le servage (1779) et dénonce les gaspillages de la Cour. Lui aussi disgraci é, il démissionne en 1781. Fleury et d’Ormesson poursuivent sa politique d’endettement. Ni Calonne ni Loménie de Brienne ne réussissent à rétablir l’équilibre budgétaire.

L’état critique du Trésor royal, auquel s’ajoutent l’opposition nobiliaire à l’absolutisme, le malaise social et économique, décide Louis XVI à rappeler Necker et à convoquer les états généraux (mai 1789). Les membres du tiers état, enfin réunis, refusent de s’en aller si le monarque n’accepte pas des réformes. Constitu és en Assemblée nationale, ils sont rejoints par des déput és du clergé et de la noblesse. Le 20 juin, par le serment du Jeu de paume, ils s’engagent à donner à la France une Constitution. Louis XVI, enfermé jusqu’alors dans un refus obstin é, ne peut plus faire semblant d’ignorer leur action. La monarchie absolue s’efface devant la monarchie constitutionnelle.

Par crainte d’un complot aristocratique, le peuple de Paris se soulève et prend la Bastille. Louis XVI rentre à Paris le 17 juillet, tandis que les premiers aristocrates partent en exil. L’Assemblée nationale vote l’abolition des privil èges dans la nuit du 4 août. Louis XVI rechignant à ratifier ces changements, le peuple va le chercher à Versailles le 6 octobre et le ramène aux Tuileries. Les constituants poursuivent leur travail et, à la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, le roi et le peuple sont réunis en une bonne entente toute d’apparence. Violemment hostile aux réformes, en effet, le roi tente de quitter Paris le 20 juin 1791 mais est arrêté à Varennes, puis ramené à Paris. La Constitution est promulgu ée le 14 septembre 1791. Le pouvoir exécutif revient au roi des Français (et non plus au roi de France).

Le roi, tentant alors de trouver refuge auprès des monarques étrangers, est arrêté dans sa fuite à Varennes (20 juin 1791). Cette arrestation signe la rupture définitive entre le peuple et le roi. L’attitude hésitante et contradictoire du roi dès le début de la Révolution, l’influence de sa femme et de ses frères (le comte de Provence et le comte d’Artois), l’appui secret donné aux émigr és, les veto suspensifs sous l’Assemblée législative, destin és à freiner la Révolution, et les négociations secrètes avec l’ennemi après la déclaration de guerre contre l’Autriche (avril 1792) avaient déjà bien entamé le prestige royal. Le manifeste de Brunswick mena çant de raser Paris si la famille royale n’est pas respectée provoque l’indignation populaire et l’insurrection du 10 août 1792. Prisonnier de la Commune insurrectionnelle, le roi est suspendu de ses fonctions et enfermé au Temple, « Louis Capet » est jugé par la Convention et déclaré coupable de « conspiration contre la liberté de la Nation ». Condamné à mort sans appel au peuple ni sursis, malgré l’attitude modérée des Girondins, il est exécuté le 21 janvier 1793 à 10 heures du matin, sur la place de la Révolution (place de la Concorde). Il déclare avant sa mort : « Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne tombe pas sur la France. » Louis XVI avait eu quatre enfants de Marie-Antoinette, dont deux survivent à sa mort : Mme Royale (1778) et le second dauphin (1785), dit Louis XVII. Il laisse surtout deux frères émigrés, les comtes de Provence (futur Louis XVIII) et d’Artois (futur Charles X).

LOUIS XVII

Versailles, 1785 - Paris, 1795

 

À LA MORT de Louis XVI (1793), le comte de Provence, frère du roi, prend le titre de régent et proclame roi le second dauphin (le premier dauphin étant mort en 1789) : Louis XVII (duc de Normandie).

Avec sa gouvernante, Mme de Tourzel, il suit le destin de la famille royale pendant la tourmente révolutionnaire et est arrêté, comme les siens, le 25 juin 1791, lors de la fuite de Varennes. Prisonnier à sept ans, incarcéré au Temple avec ses parents, il est séparé de son père le 11 décembre 1792 et de sa mère le 3 juillet 1793. Le cordonnier Simon, chargé de l’éduquer comme un enfant du peuple, abandonne ses fonctions en janvier 1794 et Louis se retrouve délaissé et isolé.

Orphelin à huit ans, il meurt le 8 juin en prison.

LOUIS XVIII

Versailles, 1755 - Paris, 1824

Roi de France (1814-1815, 1815-1824)

Petit-fils de Louis XV, frère de Louis XVI et du comte d’Artois (futur Charles X), il règne en France, d’avril 1814 à mars 1815 (première Restauration), puis, après les Cent-Jours et la seconde abdication de Napoléon I
er
, de 1815 à 1824 (seconde Restauration). Son règne, d’abord modéré, se durcit considérablement après l’assassinat du duc de Berry (1820) sous la pression des ultraroyalistes, partisans d’un retour à l’Ancien Régime. Il est surnomm é le « roi fauteuil » en raison de son obésité.

 

COMTE DE PROVENCE, il émigre à l’étranger lors de la Révolution, en juin 1791, séjournant successivement à Coblence, Vérone, Milan puis en Angleterre, au château de Hartwell, et ne cessant de militer en faveur du rétablissement de la monarchie en France. À la mort de Louis XVII en 1795, le régent se fait appeler roi de France, bien qu’il soit en exil. En 1814, tandis que leurs armées marchent sur Paris, les Alliés ne sont guère fixés sur le régime à donner aux Fran çais. Survient alors l’affaire de Bordeaux : à l’initiative d’une société secrète royaliste, les Chevaliers de la Foi, Wellington occupe la ville le 12 mars 1814 et la garde nationale prend la cocarde blanche. Quelques heures plus tard, le duc d’Angoulême (neveu de Louis XVIII et fils aîné du futur Charles X) forme un gouvernement provisoire. L’élan gagne une partie du Midi et Toulouse le 12 avril. Le tsar commence alors à croire qu’il existe un courant favorable aux Bourbons. Il rejoint ainsi les convictions de l’Angleterre. Son hôte, Talleyrand, le conforte dans cette conviction : il entend entraîner dans son ralliement aux Bourbons l’essentiel du personnel impérial et obtenir du nouveau roi des garanties pour les idées et les hommes de la Révolution. L’entrée du roi Louis XVIII à Paris, le 3 mai 1815, provoque un étonnant enthousiasme de la population. Les Parisiens lui sont reconnaissants de préserver par sa présence la capitale des exactions des troupes étrang ères victorieuses. La province marque aussi son adhésion.

À son avènement, le roi, âgé de cinquante-neuf ans, est veuf et sans enfants. Faisant de petits vers, aimant les traits d’esprit, dépourvu de convictions religieuses, il est resté homme du XVIII
e
 siècle. La Charte qu’il « octroie » (1814) établit en France une monarchie constitutionnelle. Il signe un premier traité de Paris (30 mai 1814) relativement favorable à la France vu l’ampleur de la défaite.

C’est alors que Napoléon revient. Pendant les Cent-Jours, le roi se retire à Gand, en Belgique, puis reprend le pouvoir après la défaite de Waterloo et doit accepter le second traité de Paris (novembre 1815), nettement plus sévère, les Alliés étant désormais méfiants. La France perd ses enclaves du Nord-Est et une partie de la Savoie. Elle est occupée par les vainqueurs jusqu’à ce qu’elle ait payé une forte indemnité de guerre.

Souhaitant n’être pas « roi de deux peuples », Louis s’efforce, au début de son règne, de concilier les acquis de la Révolution et de l’Empire avec le retour de la monarchie. Dès son arrivée, il sait faire des concessions. Pour preuve, il prend Talleyrand comme Premier ministre et, au retour de Gand, en juin 1815, lui adjoint le régicide Fouché. En revanche, il rétablit le drapeau blanc derrière lequel la France s’est soulevée. Ce changement provoque quelques mutineries. Il humilie l’armée et accrédite l’image d’un roi « revenu dans les fourgons de l’étranger ».

La seconde Restauration subit les conséquences d’un régime soumis au règne des partis. La Chambre élue en 1815 est dite « chambre introuvable  », car plus royaliste que le roi. Elle est soutenue par le comte d’Artois, frère du roi et futur Charles X, qui entrave l’action du gouvernement. Louis XVIII commente en évoquant son frère : « Vous vous plaignez d’avoir un roi sans jambes, que direz-vous quand vous aurez un roi sans tête. »

Avant même les élections de 1815, des émeutes populaires se déchaînent dans le Midi où le petit peuple est ardemment royaliste. C’est la Terreur blanche, nommée ainsi par rapprochement avec la Terreur républicaine de 1793. Des bonapartistes sont massacrés, tel le général Brune à Avignon. La nouvelle Chambre, de son côté, impose des juridictions d’exception contre les complices des Cent-Jours. La plus illustre victime en est le maréchal Ney, condamné à mort par la Chambre des pairs et fusillé.

Le roi s’inquiète de ces violences. Il penche pour le gouvernement des libéraux (Richelieu, Decazes), mais cette préférence résiste mal aux pressions des ultraroyalistes. Le 13 février 1820, notamment, l’assassinat du duc de Berry, devant l’Opéra, par l’ouvrier sellier Louvel, déclenche les foudres des royalistes. Les ultras attribuent à la faiblesse de Decazes la responsabilité de ce crime. Le roi cède alors et renvoie son favori.

Ils obligent Louis XVIII à remplacer Richelieu par un des leurs, Villèle. Jusqu’en 1824, ce dernier mène une politique relativement modérée au regard du parti qui l’avait amené au pouvoir. L’opposition interdite se réfugie dans les sociétés secrètes comme la Charbonnerie.

À l’extérieur, le roi intervient en Espagne à la demande de Chateaubriand, ministre des Affaires étrangères, et rétablit ainsi le roi Ferdinand VII de Bourbon sur le trône.

Sur le plan culturel, il favorise l’activité artistique. Éloignant la royauté du château de Versailles, il réside au château des Tuileries. Il améliore la ville de Paris : rues percées, places ouvertes, canaux Saint-Martin et Saint-Denis creusés, le théâtre de l’Odéon vandalis é par les révolutionnaires est rénové. Il fait édifier la Chapelle expiatoire pour rendre hommage à la mémoire de Louis XVI et des siens.

Louis XVIII meurt le 16 septembre 1824. Son frère, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X.

CHARLES X

Versailles, 1757 - Görz (aujourd’hui Gorizia, Slovénie), 1836

Roi de France (1824-1830)

Frère de Louis XVI et de Louis XVIII auquel il succède en 1824, Charles X, par sa politique réactionnaire et autoritaire, s’aliène rapidement l’opinion libérale et est détrôné au profit du duc d’Orléans (Louis-Philippe I
er
) par la révolution de 1830. Sa chute marque la fin de la branche aînée des Bourbons.

 

PORTANT D’ABORD le titre de comte d’Artois, il vit à Versailles puis, la révolution de 1789 déclenchée, il prend la tête de la réaction et est l’un des premiers à émigrer (juillet 1789). Essayant de mobiliser les cours européennes contre le nouveau régime français, il tente lui-même un débarquement à l’île d’Yeu en 1795. Chef de file des contre-révolutionnaires, il parvient à se faire reconnaître comme lieutenant général du royaume en avril 1814 par les Alliés et exerce à ce titre le gouvernement jusqu’à l’arrivée de Louis XVIII, le 3 mai 1814. Il participe activement à la lutte contre la France, aidant à la défaite des dernières troupes de Napol éon I
er
. En 1815, il s’avance à Nancy mais ne réussit pas à mobiliser de parti. Après le ralliement, et durant le règne de Louis XVIII, Monsieur, frère du roi, héritier du trône, devient bientôt l’un des dirigeants du parti des ultraroyalistes et combat la politique jugée modérée de Louis XVIII.

À la mort de ce dernier, manifestant son attachement aux traditions de l’Ancien Régime, Charles X se fait sacrer à Reims avec faste, le 29 mai 1825. L’opinion est choquée pas tant par le sacre que par le fait de voir le roi prosterné devant l’archevêque. L’hom élie maladroite de Mgr de La Fare contre la Charte et la liberté des cultes, et le traditionnel toucher des scrofuleux achèvent de désemparer le peuple. L’année suivante, quand le roi suit à pied les processions du jubilé vêtu de violet, le peuple s’imagine qu’il s’est fait évêque et le bruit court qu’il dit la messe.

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