Charles X impose à l’intérieur les tendances ultraroyalistes en faisant voter des lois impopulaires. Devenu très dévot, il renforce la position de l’Église dans l’État. L’alliance du trône et de l’autel s’affirme, les jésuites reviennent, l’Universit é est placée sous l’autorit é de Mgr Frayssinaus. Une loi sur le sacrilège punit de mort le vol des vases sacrés contenant des hosties, de la peine de parricide (la mort précédée de la mutilation du poing) la profanation des hosties. Une autre loi organise l’indemnisation des émigrés. Dite le « milliard des émigrés », elle ne distribue en fait que 625 millions aux familles spoliées. Une autre encore tente d’interdire la presse politique. L’auteur de ces propositions législatives, le Premier ministre Villèle, n’attire que les critiques. Malgré une loi électorale peu favorable, l’opposition remporte les élections à la Chambre des députés, en 1827.
Face à l’hostilité croissante de l’opinion, Charles X, inquiet des progrès des libéraux, confie le pouvoir à Martignac (1828), avocat bordelais modéré, issu de cette partie de la droite que l’évolution du régime inquiète. Mais contraint à faire du villélisme sans Vill èle, Martignac, qui sera congédi é le 8 août 1829, ne peut guère changer l’inflexion du régime. En revanche, il mène à l’extérieur une politique active. En Grèce, où la France était intervenue dès le minist ère Villèle (1827), l’habileté de La Ferronays, ministre des Affaires étrangères, arrache à l’empire ottoman l’indépendance complète de la Grèce, rendant à la France sa place au Proche-Orient et posant les bases d’un accord franco-russe.
Charles X constitue alors un ministère selon son cœur. Il confie le pouvoir aux dirigeants ultras les plus impopulaires. Aux Affaires étrangères, s’installe le prince de Polignac (1829). Il réunit en sa seule personne l’inconvénient d’être le fils d’une favorite de Marie-Antoinette (et peut-être même le fils adultérin du comte d’Artois), un ancien émigré, un comploteur sous Napoléon, un congrégationniste et le mari d’une Anglaise. La Bourdonnaye, ministre de l’Intérieur, a réclamé, en 1815, contre les complices des Cent-Jours « des fers, des bourreaux ». Bourmont, ministre de la Guerre, est un ancien Chouan rallié à Napoléon, passé à l’ennemi et suspect de trahison.
Polignac organise néanmoins la victorieuse expédition d’Alger (6 juillet 1830), après un débarquement à Sidi-Ferruch, à dix-sept kilomètres d’Alger. Le dey capitule rapidement. Il rallie ainsi les milieux commerciaux marseillais, déçus par la difficulté de relever le vieux commerce du Levant, qui lui cherchent un substitut.
Au discours du trône qui ouvre la session des Chambres, le 2 mars 1830, Charles X se fait menaçant, évoquant de « coupables manœuvres » qu’il aura « la force de surmonter ». Les députés lui répondent par l’« Adresse des Deux cent vingt et un » (votée par 221 voix contre 181), qui entraîne la dissolution de la Chambre puis sa réélection, marquée par un renforcement de l’opposition libérale. Charles X refuse de se soumettre à la volonté du pays.
Afin de renforcer l’autorit é du régime, il décide un véritable coup de force par la promulgation des quatre ordonnances de Saint-Cloud (25 juillet 1830). La première suspend la liberté de la presse, la seconde dissout la Chambre, la troisième modifie la loi électorale en relevant le cens et la quatrième convoque les coll èges électoraux pour les 6 et 13 septembre. La mesure provoque l’insurrection. Les 27, 28 et 29 juillet 1830, au cours des « Trois Glorieuses », le peuple de Paris se soulève, contraignant Charles X à abdiquer.
Après avoir désigné son petit-fils, le comte de Chambord, comme héritier du trône, Charles X s’exile. Il traverse l’ouest de la France, drapeau blanc déployé, et s’embarque à Cherbourg le 16 août. L’effacement des Bourbons de la branche aînée écartant d’embl ée le comte de Chambord profite non aux républicains, pourtant maîtres de la rue, mais au chef de la branche cadette des Bourbons, soutenue par la bourgeoisie. Louis-Philippe, duc d’Orléans, succède à Charles X.
LOUIS-PHILIPPE I
er
Paris, 1773 - Claremont, 1850
Roi des Français (1830-1848) sous la monarchie de Juillet
C’est sous son règne que triomphe la grande bourgeoisie libérale à laquelle le système électoral censitaire réserve le droit de vote. Cependant, le refus du roi et des classes possédantes de toute réforme démocratique et sociale provoque la révolution de février 1848, qui balaye le régime et accule Louis-Philippe à l’émigration. Louis-Philippe, homme d’une intelligence et d’un courage certains, a voulu être un vrai roi, un grand roi. Il a seulement oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand.
FILS DE LOUIS-PHILIPPE d’Orléans (dit plus tard Philippe Égalité) et de Louise-Marie de Bourbon-Penthièvre, il tient longtemps sa réputation de libéralisme de son père, qui fut jacobin et conventionnel régicide avant de mourir sous la guillotine.
Élevé par la maîtresse de son père, Mme de Genlis, il apprend le sens de la vie pratique et reçoit une culture relativement poussée. Comme son père, il adhère aux idées révolutionnaires, est membre du Club des jacobins et participe aux batailles de Valmy et de Jemappes sous les ordres de Kellermann puis de Dumouriez. Lorsque ce dernier passe à l’ennemi, Louis-Philippe s’exile à l’étranger. Suspect pour les émigrés et proscrit par la France révolutionnaire, il vit modestement en Suisse et aux États-Unis. En 1800, il revient en Angleterre, se réconcilie avec les Bourbons, épouse en 1809 Marie-Amélie, fille du roi Ferdinand des Deux-Siciles, et vit en Sicile (1810-1814) jusqu’à la Restauration.
Rentré en France avec Louis XVIII, il recouvre son immense fortune, mais, tenu à l’écart de la Cour et de la vie politique, il se consacre à l’éducation de ses enfants et à la gestion de ses biens. Il mène aux Tuileries une vie simple. Le bourgeois parisien peut le rencontrer dans Paris, son « grand parapluie sentimental » sous le bras, comme dit le poète allemand Heine. Mais, en même temps, il courtise discrètement l’opposition libérale.
La révolution de 1830 chasse Charles X du trône. Le 30 juillet, une proclamation rédigée par Thiers et quelques autres est diffusée dans Paris : « Charles X ne peut plus rentrer dans Paris, il a fait couler le sang du peuple. La République nous exposerait à d’affreuses divisions : elle nous brouillerait avec l’Europe. Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la Révolution. Le duc d’Orléans est un roi citoyen. » Louis-Philippe apparaît alors comme la solution idéale aux yeux de la bourgeoisie d’affaires (Casimir Périer, Jacques Laffitte) qui redoute l’instauration d’une République menaçante pour la paix. D’abord nommé lieutenant général du royaume (31 juillet 1830), après la révision de la Charte constitutionnelle, Louis-Philippe devient « roi des Français » sous le régime de la monarchie de Juillet. Dès la cérémonie d’intronisation (9 août) pour preuve de sa bonne volonté, il fait remplacer les fleurs de lys par le bleu, blanc, rouge. Le tricolore est même inscrit dans la charte du 14 août (article 67). Le roi jure d’observer la Charte révisée. Aux yeux des autres monarques europ éens, il est définitivement le roi des barricades.
À l’intérieur, après avoir gouverné avec des ministres libéraux (parti du Mouvement: Laffitte, La Fayette), le roi s’appuie de plus en plus sur les conservateurs du parti de la Résistance : Casimir Périer, de Broglie, Thiers, Molé et Guizot. Le règne commence par une crise économique, déclenchée par la révolution de 1830. De plus, en 1832, une épidémie de choléra frappe Lille, Rouen, et fait plus de dix-huit mille victimes à Paris. Casimir Périer en meurt.
Les premières années sont troublées par une opposition légitimiste symbolisée par l’équipée de la duchesse de Berry (en 1832, elle débarque près de Marseille puis s’efforce de soulever la Vendée avant d’être emprisonnée), des insurrections républicaines (1832, 1834 et 1839), des tentatives de soulèvement de Louis-Napol éon et des mouvements sociaux (révolte des canuts lyonnais en 1832).
Manifestation républicaine, les obsèques du général Lamarque (mort, lui aussi, du choléra), le 2 juin 1832, donnent lieu à un important soulèvement. Mais les parlementaires désavouent l’émeute et l’ordre est rétabli dès le 6 juin. Louis-Philippe commue en déportation les sept condamnations à mort consécutives aux procès d’insurrection.
Aux tentatives d’insurrection s’ajoutent les attentats contre la personne du roi. Le 28 juillet 1835 notamment, l’attentat dirigé contre Louis-Philippe, passant en revue la garde nationale boulevard du Temple, fait dix-huit morts. Fieschi, son auteur, est un aventurier, mais l’attentat sert de prétexte pour adopter les lois de septembre qui rendent illégal le fait de se déclarer républicain.
Malgré une reprise économique à partir de 1833 et 1835, et l’enracinement du régime à partir de 1840, l’embellie est de courte durée. Louis-Philippe irrite par sa politique étrangère. À l’extérieur, sa politique familiale et d’entente cordiale déplaît à l’opinion. La Belgique, qui a pris son indépendance par rapport à la Hollande, élit pour roi le duc de Nemours, deuxième fils de Louis-Philippe, le 5 février 1831. Mais l’Angleterre refuse, comme elle l’a toujours fait dans le passé, cette présence française en Flandre. Et Louis-Philippe fait preuve de lucidité en n’acceptant pas cette couronne pour son fils. Du coup, il provoque le mécontentement des Français, incapables de comprendre la justesse de sa prudence.
La politique coloniale inaugur ée par Charles X est freinée par égard pour l’Angleterre, hostile à l’implantation fran çaise en Algérie et au Maroc. Cependant, le roi envoie son propre fils, le duc d’Aumale, en Algérie. C’est lui qui s’empare du camp (
smala
) d’Abd el-Kader en 1843.
À l’intérieur, le conservateur Guizot préside aux destin ées de la France aux côtés du roi pendant six années. Sa loi de 1833 organise l’enseignement primaire. Autre loi importante, celle de 1842 crée les grands réseaux de chemin de fer. Mais le roi bourgeois exclut du pouvoir les paysans, les artisans et les classes moyennes. En abaissant le cens électoral de 300 à 200 francs, Louis-Philippe double certes le nombre d’électeurs, mais on est encore loin de la démocratie. Devant l’impossibilité d’une solution parlementaire, la campagne des banquets organisée par les républicains réclame justement un cens à 100 francs.
En faisant interdire un de ces banquets à Paris, le roi déclenche la révolution de février 1848.
Louis-Philippe émigre en Angleterre, où la reine Victoria met à sa disposition la résidence de Claremont. Louis-Philippe avait perdu son fils aîné, le duc d’Orléans, en juillet 1842, dans un accident de voiture (ce fut l’occasion d’une des dernières manifestations de sympathie populaire envers le roi et d’un sursaut de l’opposition légitimiste, près d’un millier d’entre eux se rendirent à Londres saluer le comte de Chambord, dit Henri V en 1843). Louis-Philippe abdique donc en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Il meurt deux ans plus tard.
INDEX
BOURBONS
CAPÉTIENS
CARLOMAN (715-754)
CARLOMAN (751-771)
CARLOMAN (867-884)
CAROLINGIENS
CHARLEMAGNE (ou CHARLES LE GRAND, ou CHARLES
Ier
)
CHARLES MARTEL
CHARLES II LE CHAUVE
CHARLES III LE GROS
CHARLES III LE SIMPLE
CHARLES IV LE BEL
CHARLES V LE SAGE
CHARLES VI LE FOU
CHARLES VII
CHARLES VIII
CHARLES IX
CHARLES X
CHILDEBERT III
CHILDÉRIC II
CHILDÉRIC III
CHILPÉRIC II
CLOTAIRE
Ier
CLOTAIRE II
CLOVIS
Ier
CLOVIS II
CLOVIS IV
DAGOBERT
Ier
DAGOBERT III
EUDES (ou EUDE)
FAINÉANTS (ROIS)
FRANÇOIS
Ier
FRANÇOIS II
HENRI
Ier
HENRI II
HENRI III
HENRI IV
HUGUES CAPET
HUGUES LE GRAND (ou LE BLANC, ou L’ABBÉ)
JEAN
Ier
LE POSTHUME
JEAN II LE BON
LOTHAIRE
LOUIS
Ier
LE PIEUX (ou LE DÉBONNAIRE)
LOUIS II LE BÈGUE
LOUIS III
LOUIS IV D’OUTRE-MER,
LOUIS V LE FAINÉANT
LOUIS VI LE GROS
LOUIS VII LE JEUNE
LOUIS VIII LE LION
LOUIS IX (ou SAINT LOUIS)
LOUIS X LE HUTIN (ou LE QUERELLEUR)
LOUIS XI,
LOUIS XII
LOUIS XIII
LOUIS XIV LE GRAND
LOUIS XV LE BIEN-AIMÉ
LOUIS XVI
LOUIS XVII
LOUIS XVIII
LOUIS-PHILIPPE
Ier
MÉROVINGIENS,
PÉPIN LE BREF,
PHILIPPE
Ier
,
PHILIPPE II AUGUSTE
PHILIPPE II, DUC D’ORLÉANS
PHILIPPE III LE HARDI
PHILIPPE IV LE BEL